La Bataille de France
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41è BCC

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Europe 41è BCC

Message par dwnvg 2007-08-08, 15:17

Bonjours a tous

Le Bataillon de Chars de manœuvre n° 41 a été créé le 16 novembre 1939, conformément à la directive ministérielle n° 4860 BT/1-CC.S en date du 29 octobre de la même année. Il était cantonné à AUBIGNY- sur - NERE.

Ce bataillon était commandé dès l'origine par le commandant Malaguti, du dépôt de chars n° 511 de GIEN. Son équipement était constitué de chars moyens Renault B1bis, prélevés au dépôt n° 511. Composé de " raclures de dépôts ", selon les propres termes de Malaguti, il sera, six mois plus tard et grâce aux qualités du petit noyau d'officiers et de sous-officiers d'active, une unité pleine d'allant et d'homogénéité, d'une discipline absolue.

Après la cérémonie de remise des étendards aux compagnies du bataillon, qui se déroula le 4 février 1940 à AUBIGNY-sur-NERE, le 41ème BCC stationnait depuis le début de mars dans la zone des Armées, en cantonnement à DONTRIEN et ST-MARTIN-L'HEUREUX, d'où il avait pu effectuer ses tirs de combat au camp de Suippe, en accord avec la 1ère Division Cuirassée de Réserve, dont il dépendait pendant cette période.

Le 6 avril 1940, le 41ème BCC fit mouvement sur BEINE, où le parc à chars fut camouflé dans les bois, au sud-ouest de cette petite localité.

Le 10 mai 1940, Les Allemands attaquèrent en Belgique, au Luxembourg et aux Pays-Bas. Le lundi 13 mai à 15 h 00, Les forces de Gudérian traversaient la Meuse à SEDAN.

Dès le 12 mai 1940, le 41ème BCC fut alerté et reçut l'ordre de la 3ème DCR de se préparer à faire mouvement vers le nord-est dans les 24 heures.

A cette date, le bataillon était complet en personnels et en matériel ( moins trois chars, passés par ordre à la 1ère DCR le 11 mai, ce qui représentait quand même 1/6ème de l'effectif en blindés). Par contre, il manquait tous les supports de tir contre avions.

Le degré d'instruction du personnel était suffisant, grâce à l'entraînement intensif effectué pendant 6 mois, pour faire du 41ème une unité apte aux combats dans le cadre du bataillon. Par contre, dans le cadre de la division cuirassée, un seul exercice avait été effectué dans la nuit du 9 au 10 mai 1940, de 22 h 00 à 03 h 00. Ce fut d’ailleurs la première marche nocturne en convoi pour le 16ème BCP. Le Cdt Malaguti résuma ainsi la situation : " En toute conscience, au début de mai, la 3ème DCR n'est prête à aucun point de vue et surtout à participer à la bataille. On ne décide pas la création d'une division cuirassée le 6 avril pour l'engager le 12 mai !" .

Le 13 mai à 20 heures, l'Etat-major et les trois compagnies de combat se mirent en route pour la zone de stationnement, prévue à 25 kilomètres au nord-est de RETHEL. Dans l'esprit de chacun, ce déplacement n'était qu'un changement de zone de stationnement. Personne ne s'attendait à être engagé dans les heures à venir. L'activité de l'aviation allemande indiquait que la grande bagarre avait commencé, mais nul ne pensait qu'elle était si proche. A partir de PERTHES, les embouteillages dus à l'exode de la population civile, belge surtout, et à laquelle se mêlaient d'innombrables fuyards, ralentirent la progression. Le bataillon n'arriva sur zone que le 14 mai vers 6 h 00.

A 11 h 30, ce 14 mai, l'ordre fut donné de porter l'unité aux lisières nord du bois du Mont-Dieu, pour contre-attaquer en direction de BULSON et SEDAN, "avec le plus grand esprit de sacrifice ". L'attaque devait être déclenchée " le plus tôt possible après 11 h 00 ". L'assaut mené par la 3ème D.C.R. devait se faire en deux groupements : le 1er groupement à l'est, le 2ème groupement, aux ordres du Lieutenant-colonel Salanié, et comprenant le 41ème et 42ème BCC ainsi que le 16ème BCP, à l'ouest suivant un axe CHEMERY - BULSON - LA MARFEE, au sud de SEDAN.

Le temps d'alerter les compagnies et de leur donner les ordres, le bataillon commença son mouvement vers 13 heures, et fut à ce moment là survolé par de nombreux avions allemands à très basse altitude, sans être attaqué.

Les déplacements des unités ne furent pas faciles. Les itinéraires, violemment bombardés par l'aviation allemande, étaient coupés par de profonds entonnoirs, que le manque de sapeurs du génie ne permettait pas de combler rapidement. La progression fut fortement ralentie par les encombrements dus au reflux des éléments de la 55e DI, bousculés la veille sur la Meuse, comme le montre le journal de marche du 16ème BCP : " Au moment où la tête de colonne arrive dans LE CHESNE, la petite localité est vivement bombardée par les avions ennemis volant à très faible altitude. Le carrefour central est atteint, et de nombreuses maisons brûlent. Le second groupe suit mais, à la sortie de LE CHESNE, doit se frayer un passage au milieu de la horde de fuyards. Ils ont tout abandonné, matériels, armes et chefs. L'aviation allemande en piqué s'acharne sur ce troupeau. C'est un véritable carnage, chevaux éventrés, cadavres d'artilleurs, de fantassins et de cavaliers jonchent la route. Les chevaux affolés foncent au hasard, les voitures des fuyards s'enchevêtrent, se renversent. La route est obstruée sur toute sa longueur. Le désordre est inexprimable... ". La situation était très confuse et les rares renseignements contradictoires. Aucun ordre, ni de la division, ni du groupement, concernant l'heure de l'attaque ne fut donné au 41ème BCC. Pourtant à 16 heures, le bataillon était prêt à contre-attaquer. Les renseignements glanés par le Cdt Malaguti auprès des unités autour du bataillon lui apprirent que personne ne savait qu'une contre-attaque devait avoir lieu. Aucun ordre n'avait été donné, aucun contact pris avec les officiers des états-majors de la DCR ou du groupement Salanié ! Visiblement l'affaire était mal partie, comme le nota Malaguti : " J'étais dans mon char en tête du bataillon à 100 mètres de la lisière du bois, quand vers 17 h 00 arriva le LC Salanié. Je lui rendis compte que depuis plus d'une heure le 41° était prêt à attaquer. Il le constata (...) Mais il ne donna aucun ordre et, comme il repartait, ne sachant pas ce qu'il fallait faire, il me dit de rester sur place ".

Les quarts d'heure succédèrent aux quarts d'heure, et toujours pas d'ordre ! Pour passer le temps, les hommes mangèrent vers 18 heures. Enfin, à la nuit, le bataillon reçut l'ordre de quitter les bois de Mont-Dieu. Il se porta vers l'ouest, où il fut dissocié ; La deuxième compagnie à LOUVERGNY, à la disposition d'une division de cavalerie ; la première compagnie à SAUVILLE et la troisième en réserve (de qui ?) vers LE CHESNE. Dans la nuit, les pleins en essence furent fait, et les roulantes distribuèrent le ravitaillement.

Le 15 mai à 4 h 00, le dispositif ordonné était en place. Les compagnies étaient à quelques kilomètres les unes des autres, le P.C. se trouvait à la ferme de LA REMONTE. Au petit matin, toujours aucun ordre, ni renseignements sur les autres unités de la DCR, ainsi que sur l'ennemi ! Le moral était excellent, mais personne ne comprenait ce fractionnement du bataillon, et surtout pas l'annulation de l'attaque de la veille. Enfin vers midi arriva l'ordre de replier la 1ère compagnie de SAUVILLE sur la ferme de LA REMONTE.

A 20 h 00 arriva l'ordre à la 3ème DCR de porter le 41ème BCC aux GRANDES ARMOISES, sauf la 2ème compagnie qui restait à LOUVERGNY, à la disposition de la 5ème DLC. Le Cdt Malaguti assista au PC de la division à la mise sur pied de l'attaque vers STONNE, qui devait avoir lieu le lendemain matin. Vers minuit, les deux compagnies du 41e complétèrent leurs pleins d'essence sur la route de SY à STONNE, où les citernes d'essence avaient été amenées par le S/L Albert, qui n'avait pas hésité à traverser LE CHESNE en flammes pour aller plus vite.

Le 16 mai 1940 à 1 h 30, l'ordre n°17 du 15 mai 1940 fut transmis au 41e pour l'attaque de STONNE.

3 h 00 : Les deux compagnies démarrèrent pour se porter à la position d'attente (PA), les lisières ouest du bois du Fay. Les commandants de compagnie furent mis au courant de l'attaque à venir. Les chars B1bis devaient précéder le 3ème bataillon du 51e R.I., 3ème D.I.M., qui était accompagné par les chars légers H39 du 45ème BCC. Le terrain ne pouvait être reconnu avant l'attaque, les renseignements sur l'ennemi restaient vague, on ne savait pas s'il occupait STONNE. La position de départ, le rebord nord-est de la dépression des Grandes-Armoises devait être passée à 5 h 00.

Le bataillon se déploya comme convenu : le char n° 333 "Vienne" du Cdt Malaguti sur la route de STONNE, en avant des deux compagnies en formation en A, capitaine en tête. La vitesse était réglée par le char du chef de bataillon, sur lequel s'alignaient les chefs de compagnies. A gauche du dispositif, la 1ère compagnie du capitaine Billotte avait pour mission de suivre la route en direction des lisières de STONNE, puis vers la ferme HAYMOY. Le premier objectif assigné était les abords de STONNE (01), le deuxième, le bois rectangulaire de RAUCOURT (02). Une reconnaissance pouvait être poussée jusqu'à la ferme HAYMOY. L'effectif engagé était de 7 chars : 337 "Eure" du cap. Billotte, 327 "Lot" du Lnt Delalande, 377 "Vauquois" du Lnt Bourgeois, 344 "Volnay" du Lnt Pignot, 328 "Tarn" du Lnt Rabin, 345 "Beaune" du Lnt Adelmans, 314 "Sambre" de l'asp. Bramant.

A droite du dispositif, la 3ème compagnie du capitaine Delepierre, limitée à sa gauche par la route de STONNE, avait pour objectif la limite Sud-ouest de STONNE, puis en débordant vers le sud-est, de pousser vers LA BESACE. L'effectif était également de 7 chars : 340 "Somme" du Cne Delepierre, 317 "Doubs" du Lnt Bricard, 346 "Meursault" du S/Lnt Guyhur, 373 "Trépail" du Lnt Dive, 351 "Muscadet" du S/Lnt Soret, 316 "Moselle" de l'asp. Léonard, et 372 "Vertus" du Lnt Hachet. La 3ère compagnie s'articulait ainsi : 2 sections en première ligne, avec en tête le "Somme" du commandant de compagnie. A gauche, les chars "Doubs" et "Meursault" à droite, les chars "Trépail" et "Vertus"; ce dernier se retrouvant à l'extrême droite du dispositif. Une section restait en couverture avec les chars "Muscadet" et "Moselle".

A 4 h 30, l'artillerie française déclencha ses tirs de préparation sur STONNE, le "pain de sucre" et les lisières sud des bois de La Grande Côte. Ils durèrent 45 minutes. Ils étaient effectués par le 5ème groupe du 242ème RA, équipé de canons de 155 mm "court", en batterie à SY.

A 5 h 15, une fois la position de départ dépassée, les deux compagnies du 41ème BCC se déployèrent en triangle, la pointe en avant, comme convenu. La 1ère compagnie se heurta à des éléments d'infanterie allemande, hors de la zone bombardée précédemment, qui dévalaient vers le Champ Carré, appuyés par deux chars et une défense antichars articulée en profondeur. Ces troupes appartenaient au 10° I.R " Grossdeutschland ", et ils forcèrent l'admiration de Malaguti : " Très beaux guerriers, ils tiraient jusqu'à ce que nous soyons à 100 mètres d'eux, puis courraient et se jetaient à plat ventre, le nez dans la terre, faisant les morts, leurs fusils jetés à 3 ou 4 mètres ; ou alors ils tiraient de leur trou jusqu'à ce qu'on les tue ".

La 3ème compagnie, sa gauche appuyée sur la route de STONNE, progressa rapidement et atteignit son premier objectif en 12 minutes, tirant sur le château d'eau de STONNE où étaient perchées des armes automatiques. Les chars à l'arrêt, neutralisèrent les abords de STONNE, noyés dans un nuage de poussières et de fumées.

A 5 h 30, la base de départ du 3/51 RI s'anima, les chars H39 de la 2ème compagnie du 45ème B.C.C. se déployant sur le front des 10ème et 11ème compagnies du 51ème RI. Les chars démarrèrent, suivis des fantassins qui progressaient, l'arme à la main, en direction de STONNE.

Simultanément, la 1ère compagnie déborda par le nord-ouest, et le capitaine Billotte, gêné par la pente abrupte qui dominait la route de STONNE à ARTAISE, se rabattit sur la droite. Coupant la route au commandant Malaguti, il entra le premier dans STONNE. Abordant la rue principale, il tomba face à face avec 13 chars et engins blindés de la 10ème Panzerdivision, en colonnes des deux côtés de la rue. Billotte ne perdit pas son sang-froid. Immédiatement, il donna l'ordre à son pilote, le sergent Durupt, de tirer avec son canon de 75 mm en direction de la rue, le plus loin possible vers le dernier char. Quand à lui, avec le canon de 47 mm de la tourelle, il visa le premier char pour essayer de le percer. Le premier coup de 75 atteignit le treizième blindé de la colonne, qui se mit à brûler. Dans le même temps, le tir de 47 mm mit le feu au char de tête. En quelques minutes, malgré les obus qui pleuvaient sur lui, l'"Eure" parvint à mettre hors de combat tous les blindés intermédiaires ! Laissons Malaguti raconter la suite de l'attaque : " J'entrais à mon tour dans STONNE et subitement, après le premier virage, je me trouvais nez à nez à 30 mètres avec une colonne de chars allemands. Je tirais aussitôt le plus vite possible ; sans comprendre ce qui se passait, mon pilote fit de même. Notre char avançait toujours en tirant, les allemands ne réagissaient plus. J'en aperçus qui s'enfuyaient des appareils de queue, et je vis qu'il y avait là 12 ou 14 appareils dont les premiers étaient des PzKW IV, les autres m'ont semblé être des PzKW III. Billotte, passant en vitesse bord à bord avec eux, les avait déjà sérieusement sonné, et les allemands étaient gênés, car ils étaient en colonne, serrés sans aucune distance entre les chars ".

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Europe Re: 41è BCC

Message par dwnvg 2007-08-08, 15:19

Billotte, après son exploit, ressortit du village, détruisant au passage deux canons antichars, l'un dans le virage du "pain de sucre", l'autre sur la route, une centaine de mètres plus bas. On releva près de 140 impacts divers sur la cuirasse de l'"Eure".

Complètement isolé, Malaguti fit sortir son char du village, et chercha un point d'observation pour voir ses compagnies. Il trouva deux chars B du 49ème B.C.C., complètement détruits. Billotte lui signala par radio que les bois au nord de STONNE étaient infestés d'armes automatiques et antichars, et qu'il continuait vers l'est. Pendant ce temps, trouvant que l'arrêt sur 01 s'éternisait, le capitaine Delepierre demanda par radio au commandant Malaguti : " En avant ? ". Ce dernier lui répondit d'attendre sur place. Dix minutes après, les tirs de l'artillerie française s'allongèrent, et Malaguti ordonna aux chars de la 3ème compagnie d'avancer vers leur deuxième objectif.

La 3ème compagnie, se trouva rapidement dans un terrain particulièrement escarpé, avec des décrochages abrupts de plus de deux mètres de dénivellation impossibles à détecter à cause de l'écran formé par les taillis. De plus, toute liaison visuelle entre les chars était rendue impossible par les rideaux d'arbres de plus en plus serrés.

Le "Somme", isolé à la sortie d'un boqueteau, fut attaqué à 100 mètres par deux armes antichars. En deux minutes, il reçut une douzaine d'obus qui firent de profondes saignées dans le blindage. La tourelle fut bloquée par un obus, et les moyens de vision mis hors d'état. Une des armes antichars détruite par un obus explosif, le "Somme" poursuivit sa route, sans possibilité d'être bien dirigé. A cheval sur un remblai, après un brutal décrochement de terrain, il bascula sur la tourelle et se coucha sur le flanc. Le capitaine Delepierre reçu tout l'équipage sur lui. Par chance, le char ne prit pas feu. Après un quart d'heure d'efforts, la porte de la tourelle s'ouvrit et l'équipage rampa vers l'extérieur avant de regagner les lignes françaises. Devant l'impossibilité de dépanner le char, celui-ci sera incendié.

Le 16 mai au soir, le 41ème BCC nota : "Aucune nouvelle de l'équipage et du char "Vertus", S/L Hachet disparu au cours de l'attaque de STONNE. Les chars suivants, en panne et risquant de tomber aux mains de l'ennemi, sont détruits sur ordre : Meursault, bois du Fay, cote 245,2, panne bielle coulée, boîte de vitesses et coupleur détériorés. Somme, 1 Km Est de Stonne, panne renversé entre les lignes. Trépail, partie Sud du bois de Sy, bielle coulée, chemise de cylindre éclatée. Fleurie, Petites-Armoises, panne, bielle coulée."

Le 11 juin après-midi, le 41ème B.C.C., fer de lance de la 3ème D.C.R., se regroupa à la ferme de Moscou, sur la route de Suippes à Reims, après avoir effectué une très dure contre-attaque vers Juniville et Perthes le long de la rivière La Retourne au sud de Rethel. Il apparut très rapidement que seule la moitié des chars B1Bis rescapés des combats antérieurs des Ardennes et de Juniville, soit 14 engins, étaient encore apte à reprendre le combat. Le chef de Bataillon CORNET, commandant le 41ème B.C.C., décida de scinder son bataillon en trois groupes :

Détachement CORNET regroupant les 14 engins en état de marche, et répartis en deux groupes aux ordres du capitaine BILLOTTE et du lieutenant FAJEAU.

Détachement GASC avec 1 char en bon état (B1Bis n°374 " Villers-Marmery ") et 12 engins en piteux état dont trois constamment remorqués par un autre B1Bis, avec pour mission de passer au plus tôt la Marne à POGNY et de retrouver la compagnie d’échelons, afin de procéder aux réparations nécessaires pour reprendre le combat.

Détachement DELEPIERRE comprenant le Train et l’E.M. du bataillon, qui devait intégrer les arrières de la 3ème D.C.R.

Vers 19 h 30 ce 11 juin, le détachement CORNET partit pour contre-attaquer en direction de St-Hilaire-le-Petit. Par manque d’essence et en raison de la nuit qui tombait, cette attaque fut annulée. Ordre lui fut donné de rallier la ferme de Pièmont, sur la route de Suippes à Châlons. Le détachement CORNET disparut totalement le lendemain lors d’une contre-attaque en direction des Ouvrages Blancs dans le camp de Mourmelon.

Après avoir fait les pleins à 21h00, le détachement GASC quitta la ferme de Moscou pour rejoindre la C.E. qui faisait mouvement vers le sud-est de Vitry-le-François. Toute la nuit et toute la journée du 12 juin furent nécessaires à la colonne qui s’étirait sur une dizaine de kilomètres pour atteindre POGNY. Un bref combat s’engagea au nord de Pogny contre une avant-garde allemande qui fit demi-tour. Pendant que les chars qui avaient traversé la Marne se regroupaient à TOGNY-aux-Bœufs, le Général DE LATTRE DE TASSIGNY, commandant la 14ème D.I., mit vers 19h00 le capitaine GAS en demeure de mettre tous ses chars à sa disposition pour défendre les ponts sur la Marne entre LA CHAUSSEE-sur-MARNE et COOLUS jusqu ‘au 14 juin au lever du jour. Malgré les ordres initialement reçus, GASC ne put qu’obtempérer ! A 20h00, les chars se traînèrent vers leurs emplacements de combat. Bientôt les Allemands firent une nouvelle tentative de franchissement de la Marne avec des chars à Pogny. Un très violent et rapide combat eut lieu entre les chars français et allemands. Très vite le pont fut obstrué par cinq carcasses d’engins ennemis. Mais deux B1Bis furent détruits, leurs équipages furent tués ou blessés. Malgré la lutte inégale, les chars restèrent en place toute la nuit. Le 13 juin au matin, une pluie d’obus tomba sur le village de Vitry-la-Ville. Un projectile embrase le B1Bis n°419 " BAYARD ". Sans instruction et coupé de toute liaison avec la 3ème D.C.R., le détachement resta sur ses positions et passa sous les ordres du 208ème R.I.
Le 14 juin à 11 h 00, l’ordre de repli sur l’Aube fut transmis aux chars par le 208ème R.I. dont il devait assurer l’arrière-garde. Sans réparation ni ravitaillement en essence, il n’était pas possible de repartir avec les dix chars restants. Seuls six engins purent prendre la direction d’ARCIS-sur-Aube. Sur la route embouteillée, l’avance des chars fut extrêmement lente. De nombreux fantassins, très fatigués, prenaient d’assaut les engins du détachement, et il fallut prendre des mesures radicales pour permettre aux deux chars fermant la marche de pouvoir tirer vers l’arrière, où des motos allemandes suivaient à vue. Deux chars tombèrent en panne de Naëder et furent pris en remorque, il n’y avait plus d’huile de ricin, les chaînes de remorquage cassaient les unes après les autres, le B1Bis " POMMARD " consommait 10 litres d’huile à l’heure. La route était de plus en plus encombrée par des troupes en repli et les colonnes de réfugiés.

Vers 23 h 00, à ALLIBAUDIERES, il fut impossible d’avancer. Les Allemands étaient déjà à Arcis-sur-Aube et interdisaient tout passage à une foule paniquée de soldats et de civils. Les chars du détachement GASC s’arrêtèrent. L’adjudant-chef MARECHAL, chef de char du " Villers-Marmery ", quitta son engin et s’avançât en direction du pont pour essayer de comprendre ce qui se passait, accompagné du capitaine GASC. Des tirs partaient des arbres et arrosaient les fantassins qui tentaient de passer le pont. MARECHAL revint à son char et démontât la mitrailleuse Reibel de tourelle. Il repartit à pied vers les points de départ des tirs ennemis, facilement repérables dans la nuit noire. Il arrosât copieusement le secteur, ce qui ouvrit le passage vers le pont. Vers 03 h 00 du matin, la foule franchit l’Aube dans une pagaille inouïe de civils, de chevaux, de fantassins et de canons. Au lever du jour le 15 juin, le reste du détachement alla péniblement retrouver le 208ème R.I. à NOZAY. Sur ordre du colonel commandant le régiment d’infanterie, les engins furent dispersés pour assurer la défense des franchissements de l’Aube.

La situation mécanique des chars ne s’était pas améliorée, bien au contraire. Le carburant se faisait rare, il était vain d’attendre un quelconque secours. Deux chars seulement étaient en état de marche. Tous deux intervinrent dans le milieu de la journée, le " Frontignan " vers le pont de Viâpres-le-Petit où il fut détruit par un canon automoteur, le " Villers-Marmey " le long de la voie ferrée et la gare d’Arcis Sur Aube. Après avoir sabordé les quatre autres chars incapables de reprendre la route, et le 208ème R.I. n’ayant plus besoin de ses services, ce qui restait du détachement GASC, soit 4 officiers, une trentaine de sous-officiers et chasseurs, le dernier char encore en état (B1Bis " Villers-Marmery), deux tracteurs de ravitaillement et une moto, amorça son repli à 18 h 00 en direction de la Forêt d’Orient.

Depuis 15 h 00, les chars allemands avaient franchi l’Aube. On se battait sur les axes Vaupoisson – Montsuzain et Ramerupt – Charmont. Même s’ils n’avaient pas beaucoup dormi depuis le 10 juin, les hommes de GASC gardaient un moral intact. Certes, il y avait des pertes les jours précédents et ils se savaient pris en sandwich par les Allemands, mais ils avaient confiance en leurs matériels, même réduit en quantité. L’ennemi ne faisait pas peur, et s’ils le rencontraient de nouveau, ce qui était plus que probable, ils étaient certains de pouvoir encore traverser ses lignes et parcourir une nouvelle étape.

Voici l’état d’esprit qui animait l’équipe du détachement GASC au moment où elle aborda la sortie sud de VOUE, vers 19 h 00. Là, GASC apprit sans autre précision qu’il y avait beaucoup d’Allemands vers le sud. La seule chose de visible, c’était une colonne de voitures de paysans et de soldats qui agitaient des mouchoirs blancs. GASC ne douta pas un seul instant qu’il s’agissait d’Allemands. En accord avec un commandant d’infanterie qui se trouvait là avec quelques hommes, GAS prit la décision de forcer le passage. Il ne savait pas que le " bouchon" était bien plus important qu’il n’y paraissait. Le fort détachement allemand, doté d’armes antichars, de mortiers, et au moins d’un canon automoteur, venait d’accrocher près de Montsuzain le 5ème Groupe du 242ème RADTT qui repliait sur ordre vers le sud.

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Europe Re: 41è BCC

Message par dwnvg 2007-08-08, 15:20

SUITE :
GASC mit rapidement son dispositif en place : Le B1Bis en tête, escorté à 50 mètres en arrière à droite par une chenillette de ravitaillement avec un sous-officier armé d’un fusil-mitrailleur couché dessus, le tout accompagné par les officiers, sous-officiers et chasseurs de son groupement, les uns équipés de quelques fusil-mitrailleurs, la plupart de leur pistolet ou des armes qu’ils avaient pu récupérer ça et là. L’équipée pris la direction de Montsuzain, entre la route départementale et le remblais de la voie de chemin de fer.

Les deux cents premiers mètres en terrain découvert furent rapidement franchis sans difficulté. Tout à coup, une grêle de projectiles s’abattit sur le char et la chenillette. De nombreux Allemands se découvrirent sur la route départementale et la voie ferrée, ainsi que deux canons de 37 mm derrière fameux mouchoirs blancs. Immédiatement la chenillette fut incendiée, les munitions explosèrent, deux hommes s’écroulèrent, un troisième ainsi que le capitaine GASC furent légèrement blessés par des éclats. Les antichars adverses criblèrent le char d’obus. Sous l’avalanche de projectiles, l’antenne radio, les pots d’échappement, les ailes voltigèrent. Le B1Bis était complètement aveuglé par le flot d’étincelles qui l’entourait. L’équipage vit enfin d’où partaient les tirs, riposta, détruisit les canons antichars et arrosa les ennemis sur la voie ferrée, qui prirent la fuite, laissant de nombreux corps sur le terrain. Profitant d’un court moment de répit, GASC s’approchât de l’engin blindé pour voir pourquoi le canon de 75 mm en casemate ne tirait plus. Il constata que le fût était soudé au masque, et ne pouvait revenir en batterie. Malgré cette diminution notable de la puissance de feu, la progression du groupe reprit rapidement.

Un troisième canon antichar se dévoila. Très rapidement repéré par le char, il fut non moins rapidement détruit. Un quatrième se mit en batterie au bord de la route. L'équipage du B1Bis ne voyant manifestement pas, GASC et quelques hommes qui l’entouraient essayèrent de le neutraliser. Le canon détourna ses tir sur le groupe, qui fut rapidement encadré par les projectiles. Des hommes tombèrent, Le capitaine GASC et son pilote, l’adjudant PY furent grièvement blessés. Rapidement, le groupe perdit la moitié de son effectif en tués et en blessés, les munitions s’épuisèrent. Le char repéra enfin le canon et le détruisit. Il reprit alors sa progression en direction de Montsuzain, prenant à partie tous les éléments allemands qui se dévoilaient un peu partout.

Soudain le B1Bis fut pris sous le feu d’un canon automoteur de gros calibre. Un obus arracha le tourelleau. Après un ultime changement de direction, la chenille gauche se déroula, un autre obus percuta la tourelle. Au moment où le chef de char, l’adjudant-chef MARECHAL, allait tirer l’un des quatre derniers obus de 47 mm, un projectile pénétra par l’âme du canon dont la culasse était à moitié ouverte, le tuant sur le coup. Le sergent-chef Guy LOIZILLON, pilote, fut blessé par des éclats de verre. Le reste de l’équipage parvint à quitter l’engin immobilisé, mais fut rapidement submergé par les Allemands arrivant de toute part, mitraillette à la hanche et grenades à manche dans les bottes, prêtes à être utilisées. Les survivants du détachement GASC furent faits prisonniers par l’ennemi, tout étonné de ne trouver q’une quinzaine d’hommes indemnes, avec pour toutes armes des pistolets…











Chef de bataillon



B 1bis
366 GRAVES Cdt Malaguti détruit vers Vadenay le 12 juin 1940
B 1bis
333 VIENNE Lt Desouches détruit vers Vadenay le 12 juin 1940
B 1bis
342 CORTON AdjC Courtois Sabordé le 13 juin 1940, sur la route entre TOGNY Aux Boeufs et Vésigneul, sur la Marne
B 1bis
326 DORDOGNE


1ère Compagnie

B 1bis
377 VAUQUOIS Cne Cantarel détruit à Perthes le 10 juin 1940
1ère Section

B 1bis
327 LOT Lt Delalande Sabordé à NOZAY, 1 km sud de ARCY SUR AUBE
B 1bis
352 VOUVRAY Lt Bourgeois Versé le 10 mai à la 1ère DCR
B 1bis
313 ESCAUT Lt Mevel Versé le 10 mai à la 1ère DCR
2ème Section

B 1bis
344 VOLNAY Lt Pignot
B 1bis
328 TARN S/Lt Rabin
B 1bis
311 RHIN S/Lt André
3ème Section

B 1bis
345 BEAUNE Lt Adelmans Après des ennuis mécaniques, part rejoindre, avec l'EURE, le détachement GASC. Il se perd, traverse SAINT-DIZIER où il fait le coup de feu contre des Allemands, et tombe en panne sèche sur la route de JOINVILLE (52).
B 1bis
314 SAMBRE Asp Bramant
B 1bis
341 VOUGEOT Asp Carmier détruit vers Vadenay le 12 juin 1940


2ème Compagnie

B 1bis
375 CHATEAUNEUF-DU-PAPE Cne Gasc Sabordé à NOZAY, 1 km sud de ARCY SUR AUBE
1ère Section

B 1bis
339 AISNE Lt Homé détruit à La Chaussée sur Marne le 13 juin 1940
B 1bis
369 CORBIERES S/Lt Tuffet perdu à Nozay le 15 juin 1940
B 1bis
336 YONNE Asp Laval détruit à Perthes le 10 juin 1940
2ème Section

B 1bis
322 DURANCE Lt Carraz-Billat détruit à Perthes le 10 juin 1940
B 1bis
337 EURE S/Lt Soulet perdu à Ponesse le 13 juin 1940
B 1bis
350 FLEURIE Asp Thoré perdu aux Petites-Armoises le 16 juin 1940
3ème Section

B 1bis
320 DROME Lt Duhen Sabordé à Togny Aux Boeufs le 13 juin 1940
B 1bis
370 PINARD Asp Bergeal détruit vers Vadenay le 12 juin 1940
B 1bis
374 VILLERS-MARMERY AdjC Maréchal détruit le 15 juin 1940


3ème COMPAGNIE

B 1bis
340 SOMME Cne Delpierre Perdu à la suite des combats du 16 mai 1940 à Stonne.
1ère Section

B 1bis
315 MEURTHE Lt Cornu-Gentille détruit vers Vadenay le 12 juin 1940
B 1bis
346 MEURSAULT S/Lt Guyhur
B 1bis
316 MOSELLE Asp Léonard Sabordé à Togny Aux Boeufs le 13 juin 1940
2ème Section

B 1bis
365 BARSAC Lt Dive détruit vers Vadenay le 12 juin 1940
B 1bis
372 VERTUS S/Lt Hachet
B 1bis 373 TREPAIL Asp Recoing Moteur explosé, il est sabordé au nord du bois de SY.
3ème Section

B 1bis
351 MUSCADET Lt Soret perdu à La Chaussée sur Marne le 13 juin 1940
B 1bis
317 DOUBS S/Lt Bricard détruit vers Vadenay le 12 juin 1940
B 1bis
338 CHARENTE Asp Dumont détruit par un canon antichar à Olizy sur Chiers le 18 mai 1940.

Amitiés Légio More Majorum
Daniel

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Europe Re: 41è BCC

Message par MDL/CHEF HARMAND 2013-04-02, 23:44

Bonjour ,je viens de lire le JO de ce bataillon et remarque qu'il ne signale pas la contre attaque de la 3 éme compagnie sur la colline 311 le 18 mai 1940 ( secteur de l'ouvrage de LA FERTE dans les Ardennes ) par ailleurs je remarque certaines inexactitudes quand aux pertes ,en effet ( lors de cette fameuse contre attaque en appui des I et III bataillons du 119 ème RI ( 6 éme DI du Général LUCIEN )
Les chars numeros
N°328 (TARN ) Sous lieutenant Rabin ( tombé dans le canal de dérivation de la CHIERS près d'Olizy ) tout l'equipage fut noyé et remonté de la riviere avec le char en 1941
N°338 (CHARENTE )Aspirant Dumont ,dechenillé par un antichar près de MALANDRY (2 membres de l'equipage sur 4 furent tués en sortant du blindé)
N°351(MUSCADET) Lieutenant Soret ( incendié par le tir d'un 47 mm modèle 1937 français de la 4 ème DINA lors du retour de la contre attaque.Il fut pris pour un blindé Allemand à la défaveur de la penombre .

Cordialement DAVID
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