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Carnet de notes

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Europe Carnet de notes

Message par Tobrouk 2007-04-10, 15:47

Carnet de notes du Maréchal-des-Logis François BISTOS


Date Evènement


Mardi 24 juin 1941 19.00 : télégramme annonçant que je suis désigné pour partir en Syrie pour renforcer l’Armée Dentz aux prises avec les Anglais depuis le 8 juin. Ça ne m’étonne pas, car ancien du 8ème Cuirs, ayant fait la Belgique, Dunkerque puis Saumur avec les blindés, je savais que j’étais sur la liste de départ, bien que commandant le peloton de liaison auto-moto de la 17ème Région Militaire.
26 juin 1941 Départ gare Matabiau de Toulouse, arrivée Saint-Charles de Marseille.
28 juin 1941 Départ d’Istres en Amiot 143 dont les tourelles de mitrailleuses ont été enlevées, 5.00 - Rome 12 .00 - Foggia (sud de la botte) 16.00. Coucher à Foggia chez les Macaronis.
29 juin 1941 Départ de Foggia avec nos bombardiers désarmés à 7.00 - Arrivée Athènes à 12.00. Abandonnons nos avions, sommes hébergés dans la capitale.
30 juin au 2 juillet 1941 Séjour à l’hôtel réquisitionné à Athènes ; dès qu’ils savent que nous sommes français, les Grecs ne cachent pas leur surprise indignée.
3 juillet 1941 Départ de l’aérodrome d’Eleusis en Dewoitine civils de transport trimoteurs à 0.00. vol de nuit au-dessus de la mer Egée, c’est divin ; La mer semble du plomb fondu saupoudré d’un semis d’îles noires.
Retour brutal à la réalité. Sommes attaqués par des chasseurs anglais à l’arrivée à Alep. Un des trois Dewoitine disparaît. Atterrissons en pleine alerte aérienne à 4.30.
Je retrouve le Lieutenant Louis CHIGE, beau-frère de mon frère à la Caserne Turque. Départ 20.00 par chemin de fer sur Rayak.
4 juillet Arrivée au 1er Bureau de l’E.M. à Chtaura. Suis désigné pour le 7ème R.C.A. Départ 20.00, arrivée au cantonnement de Mallaca à 22.00
5 juillet 1941 Suis au P.C., il y a un escadron au repos, je vais voir leurs engins. Suis un peu refroidi par ce matériel de fabrication locale, les Tanake [1] qui sortent « Hechos a mano » des Arsenaux de la Marine de Beyrouth.
L’A.M. sur laquelle je suis affecté en tant que sous-officier adjoint au chef de peloton, la M.1984, a une tourelle qui ne tourne que si l’on sort dehors pour faire effort sur le canon de 37. Elle tourne plus facilement comme cela à droite qu’à gauche. Il faudra que je m’en souvienne en temps utile. Mon chef de peloton est le Lieutenant WEIL.
8 juillet 1941 J’arrive à faire réparer ma tourelle à Ablah. Pendant ce temps, les Anglais bombardent en toute impunité la base et les dépôts de Rayak ; il paraît que tous nos avions de chasse sont déjà détruits. Ça recommence comme en 1940.
9 juillet 1941 Faisons mouvement sur Homs aux trois-quarts encerclé à 17.00.
10 juillet 1941 En réserve sur les bords de l’Oronte, subissons un bombardement par la R.A.F. Pas de bobos.
11 juillet 1941 Nous nous efforçons de dégager Homs par des « coups de poing » sur l’ennemi à Meskene et à Rayane. Nous avons par peloton un canon de 75 placé sur un plateau de camion Dodge débarrassé de ses ridelles.
Le laissant un peu en arrière à défilement de colline en position de tir, nous engageons le combat avec les chars anglais Valentine et les amenons sur le 75 qui en fait un massacre. Peu de pertes de notre côté ; je suis quand même obligé d’aller chercher Weil qui s’est laissé prendre de vitesse et qui commence à flamber.
Il est question de pourparlers d’armistice ; Il paraît que la situation est mauvaise au sud où les Australiens attaquent à la Thompson avec une rare vigueur.
12 juillet 1941 Départ avant l’aube. Reconnaissance sur Kousseir, devons maintenir la liberté des communications par voie ferrée et route avec la plaine de la Bekaa. L’action est menée par un train blindé de fortune et deux pelotons recomplétés d’A.M. du 7ème R.C.A., c’est dur, mais nous reprenons Kousseir et tenons la plaine. On nous a expliqué que nos parlementaires seraient ainsi en meilleure position pour discuter des conditions d’armistice. Les plus fortes pertes que nous avons enregistrées sont du fait des avions ennemis en appui au sol.
Les Anglais ont compris et n’envoient plus leurs chars sans appui aérien. Quand combattrai-je avec une supériorité aérienne de notre côté ?
13 juillet 1941 Je ressens les premières atteintes de la dysenterie amibienne. J’ai débranché le collecteur de cartouches et suis assis dessus pour combattre. Il y a des douilles partout. Au soir, le peloton rentre à Homs en exécution des conditions d’armistice. Pour moi, l’hôpital de la ville.
14 juillet 1941 Suis à l’hôpital quand j’apprends que le Régiment part sur la côte. Je demande à partir avec mon unité et le Capitaine vient me chercher en voiture. Départ précipité à 18.00 pour Tripoli de Syrie.
Passons de nuit devant le Krak des Chevaliers construit par les Croisés. C’est beau !
15 juillet 1941 Notre cantonnement est établi à 10 km au nord de Tripoli, le long de la côte à El Arbe dans un rahn (caravansérail) en ruines. Nous stockons notre pauvre matériel. Je souhaite bien du plaisir à ceux qui s’en serviront. Bains de mer. Anglais vers 10.00 sur la route côtière.
16 juillet au 13 août 1941 Vie à El Arbe, dimanche 27 messe à nos morts ; le 10/8 méchoui avec les A.M.L.D. du Bec de Canard qui sont venues nous rejoindre.
13 août 1941 Mouvement sur la Caserne Legoult à Tripoli.
18 août 1941 De garde à l’E.M. qui reçoit la visite du Général DE GAULLE.
25 août 1941 Départ pour la France du Colonel Le COULTEUX de CAUMONT.
30 août 1941 Mouvement sur Djounie à 20 km au nord de Beyrouth, nous sommes cantonnés dans un collège de maristes.
1er septembre 1941 Conférence gaulliste du Général de LARMINAT, beau chahut.
2 septembre 1941 Départ des officiers sur la France, nous restons avec les hommes.
4 septembre 1941 Mouvement en camion à 15.00 pour Beyrouth. Arrivons au camp de transit T.4., il n’y a plus de place nous dormons à la belle étoile.
6 septembre 1941 C’est l’heure du choix. Comment rallier maintenant ceux qui viennent de nous tirer dessus et de tuer nos camarades. De plus, je dois rentrer à l’Ecole d’Application de la Cavalerie et du Train repliée de Saumur à Tarbes dont je préparais le concours.
C’est décidé, je rentre et presque tous mes camarades et les chasseurs du 7ème R.C.A. en font autant. La chose est d’ailleurs cocasse : il y a une table où siègent trois officiers, un Anglais flanqué à droite d’un représentant du Maréchal PETAIN et à gauche de celui du Général DE GAULLE, chacun à côté d’une porte. Il faut prendre l’une ou l’autre. Le choix des tirailleurs est le fait de leurs sous-officiers. Ils passent au pas de course en criant « Pitain, Pitain » et partent à droite sauf un pauvre bougre qui, en retard à cause de sa bande molletière est passé à gauche tout en criant « Pitain ». Passons !
7 septembre 1941 Départ des Tirailleurs, du Génie, des prisonniers. T.2., T.3. et T.4. sont évacués sauf ceux du 6ème R.C.A. et nous.
12 septembre 1941 Départ du port de Beyrouth à 13.00.
20 septembre 1941 Arrivée à Marseille à 14.00, sommes dirigés sur le camp de Ger. Suis affecté au 2ème Hussards à Tarbes.
Je devais rentrer 3ème à l’École de la Cavalerie et du Train et rejoindre les Forces Françaises Libres à Londres en passant par l’Espagne après l’occupation par les Allemands de la zone libre.

Site"Campagne de Syrie"
Amitiés

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