Préparation du futur front de SEDAN
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Préparation du futur front de SEDAN
Bonjour,
Voici un extrait de l’Historique du 10ème Corps d’Armée 1939-1940
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Par le Général C. GRANDSARD
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1ère Partie :
Mise en place du 10ème CA : Dispositif, Conception de la défense
Au début de la cocentration, la zone Chiers-Meuse a été occupée par la 71ème DI de série B, aux ordres du Corps d’Armée F (général Duffour), Corps d’Armée d’un type tout particulier, puisqu’il ne possède pas d’éléments organiques. Le commandement du général commandant le Corps d’Armée F s’étend également à l’est de la zone Chiers-Meuse, sur la tête de pont de Montmédy.
L’introduction du 10ème CA dans la position de résistance n’a pas pour origine une modification dans l’idée de manœuvre du commandement : il a seulement apparu opportun de relever le Corps d’Armée F par un autre normalement doté. Le 10ème CA, qui se trouvait en réserve de la II° Armée dans les arrières du Corps d’Armée F, avait en effet dû prçeter à celui-ci son groupe de reconnaissance, son régiment de pionniers et des organes de réparation de son Parc d’Artillerie.
La prise de commandement par le général commandant le 10ème CA a lieu le 12 octobre à midi à Buzancy, mais les troupes destinées à occuper la zone ne sont en place qu’à partir du 21 octobre.
A cette date le dispositif est le suivant :
La zone du 10èle CA comporte deux secteurs. Chaque secteur est tenu par une grande Unité, coiffant des éléments de renforcement.
a) Secteur de Mouzon : 71ème division – Q.G. Beaumout – P.C. avancé : bois de Villemontry – 136ème R.I.F.
b) Secteur de Sedan : 55èle Division – Q.G. Raucourt – P.C. avancé : Bulson – 147ème R.I.F. – II° Bataillon de Mitrailleurs.
Les régiments de forteresse sont déployés sur la ligne principale de résistance. Ils assurent en avant de cette ligne un barrage continu. Leur dispositif sur le terrain, qui a fait l’objet de reconnaissances approfondies en temps de paix et qui s’appuie sur des ouvrages permanents, constitue en quelque sorte l’ossature minimum de la position. Il est indépendant du dispositif d’occupation des troupes de renforcement, il est prescrit de ne le modifier en aucun cas. Les troupes de renforcement s’échelonnent en arrière dans la profondeur de la position (ordre général d’opération n°6 du 17/10 de la II° Armée).
Le commandement sera cependant organisé en profondeur dans chaque quartier, troupes de forteresse et troupes de campagne étant sous les ordres d’un même chef.
c) Réserves : un régiment d’infanterie fourni par la 55ème DI ; et les G.R. après repli.
d) L’artillerie de renforcement comporte : les éléments de forteresse du 99ème R.A.F. (2 groupes de 75) et du 169ème R.A.F. (3 batterie de 105L 13 et 1 batterie de 155L 18) et des éléments d’artillerie longue du 145ème R.A.L. (1 groupe de 105L 13) et du 185ème R.A.L. (1 groupe de 155L 16).
L’artillerie lourde longue constitue deux groupements adaptés à chacun des secteurs :
Secteur de Mouzon :
2 Batteries de position du 169ème R.A.F. (1 bie de 105L 13, 1bie de 155L 18).
1 groupe de 155L du 110ème R.A.L.H.
1 groupe de 105L 13 du 145ème R.A.L.T.
1 groupe de 155L 16 du 185ème R.A.L.T.
Secteur de Sedan :
2 groupe de 105L 13 du 110ème R.A.L.H.
1 groupe de 155L 17 du 110ème R.A.L.H.
2 batterie de 105L 13 de position du 169ème R.A.F.
e) Avancées : A la mobilisation les avancées ont été occupées par 3 compagnie de Frontaliers, de classes anciennes et 2 pelotons de G.R.M. Depuis le 16 octobre des unités de cavalerie destinées à une action éventuelle en Belgique sont placées entre la Meuse, La Chiers et la frontière. Elle comprennent :
- dans la région de Carignan, la 2ème Division de Cavalerie
- dans la région de Sedan, un groupement, dit « de Bouillon » avec le 12ème G.R.C.A. du 10° CA, le 60ème G.R.D.I. de la 71° DI, le 93ème G.R.D.I. de la 3° DINA, remplacé quelques jours après par le 64ème G.R.D.I. de la 55° DI.
La 2ème DC relève directement du général commandant l’Armée. Le groupement de Bouillon relève directement du général commandant le 10ème CA. La zone d’action de la 2ème DC déborde largement à droite la limite du 10ème CA ; la limite entre elle et le groupement de Bouillon ne coïncide pas avec les limites des secteurs tenus par les D.I.
La mission du 10ème CA est d’assurer l’intégrité de la position de résistance dans sa zone. Le général commandant le Corps d’Armée décide de faire porter son effort défensif :
a) sur les débouchés sud-ouest de Sedan vers la vallée de la Bar.
b) Sur les hauteurs de Vaux-les-Mouzon
D’une part, c’est là qu’aboutissent deux importants faisceaux routiers qui réunissent les itinéraires venant de Belgique et qui permettent à l’ennemi soit une arrivée rapide de moyens importants, suivis d’une attaque brusquée ; soit l’établissement d’importants systèmes d’artillerie permettant une attaque méthodique et puissante.
D’autre part, comme on l’a déjà vu :
- la région de Sedan est particulièrement favorable pour une tentative de passage de la Meuse ;
- la région de Carignan – Mouzon est celle qui permet à l’ennemi d’atteindre le plus rapidement possible la Meuse à travers la position du secteur de Mouzon.
L’ennemi sera pris par l’artillerie sur ses itinéraires d’accès, aux débouchés de la forêt des Ardennes et quand il abordera les destructions.
La défense sera organisée en profondeur ; à cet effet, il est prescrit :
… un barrage continu et dense sera réalisé devant la ligne principale …
… la défense sera organisée en profondeur jusqu’à la ligne d’arrêt devant laquelle, en tout état de cause, sera réalisé un barrage continu …
Dans le cas où l’ennemi pénétrerait dans la position de résistance, des contre-attaques seraient, après colmatage, exécutées en vue de rétablir l’intégrité de la position (ordre général d’opération n°6 du 14/10/39, II° armée) …
Précisant, en ce qui concerne, comment sera conçue l’organisation en profondeur de la P.R., le général commandant le 10ème CA prescrit ( ordre général d’opération n° 2 du 16/10/39, 10° CA et ordre général du 20 octobre) :
Dans toute la profondeur de la position, sur la ligne principale comme sur la ligne d’arrêt ou entre ces lignes, la défense sera organisée en points d’appui ou centre de résistance cerclés, capable de se défendre isolément même dépassés par l’infanterie et les chars ennemis. Les P.A. ou C.R. s’accrocheront par conséquent aux obstacles du terrain, bois, villages, etc.
En raison de la présence de la cavalerie, en avant de la P.R., en raison de la valeur de l’obstacle qui la couvre, cette P.R. ne peut se trouver en butte à une irruption subite de l’ennemi et cet ennemi, avant d’employer ses chars en masse, devra conquérir de vive force des passages sur la Meuse ou la Chiers.
Dans ces conditions, les réserves (annexe au plan de défense du 10° CA, 24/10/39) ne seront pas initialement réparties au profit de l’un et de l’autre des secteurs, mais placées en un dispositif articulé dans une position centrale qui leur permette, en une étape de nuit, dès que la zone d’attaque ennemie sera décelée, de se porter dans cette zone en arrière de la ligne d’arrêt en travers des principaux couloirs d’accès en question, soit de recevoir du général commandant la division intéressée une mission de colmatage et éventuellement de contre-attaque.
Les missions pour lesquelles les réserves doivent faire des reconnaissances sont données dans l’ordre ci-après :
1° Barrage de la trouée de la Bar ;
2° Renforcement du secteur de Mouzon dans sa partie centrale :
a) soit en rive est de la Meuse, région bois de Cernay, Vaux-les-Mouzon ;
b) soit sur la rive ouest de la Meuse de Petit-Remilly à Mouzon.
3° Renforcement du secteur de Sedan dans les directions : Bazeilles – Bulson ;
Remilly – Raucourt ;
A hauteur des bois de la Marfée et d’Angecourt ;
4° Renforcement du secteur de Mouzon dans sa partie est entre Vaux-les-Mouzon et Malandry.
La zone de rassemblement initial est choisie à une étape environ de la ligne d’arrêt, en position centrale, dans la région Raucourt-Artaise-Yoncq pour le régiment d’infanterie réservé.. Les groupes de reconnaissance doivent être regroupés, au sud, sur la ligne La Berlière-Sommauthe- Laneuville-sur-Meuse.
Avant l’arrivée de la cavalerie au nord de la Chiers et de la Meuse, la défense des avancées de la P.R. est confiée, nous l’avons vu, à 3 compagnies de frontaliers et un escadron à 2 pelotons de G.R.M. Ces éléments s’appuient à la ligne des maisons fortes. Leurs effectifs ne leur permettent, sur ce front de quarante kilomètres, ni défense continue, ni profondeur : ils ne sont là que pour alerter la P.R. et donner le temps aux troupes d’occupation de garnir la position. Aussi les maisons fortes doivent-elles tenir jusqu’à la mort.
La présence de cavalerie modifie la situation ; bien que ses effectifs ne soient pas considérables (la valeur de trente-trois escadrons pour une zone de cinquante kilomètres de large environ) elle peut porter la couverture sur la Semoy et chercher le renseignement au delà.
La manœuvre de la cavalerie et celle des frontaliers s’ajusteront.
Avant l’alerte, la cavalerie sera en cantonnement en arrière de la ligne des maisons fortes qui la couvrira et l’alertera si l’alerte n’est pas venue par le commandement.
A l’alerte la cavalerie gagnera la Smoy, y trouvera les frontaliers, les absorbera et , quand elle devra abandonner cette ligne, les libérera.
Il y a donc un ajustage très précis à faire entre les manœuvres de la cavalerie et des frontaliers. Il faudra aussi que la cavalerie couvre l’exécution des destructions et que les troupes en secteur appuient de leur artillerie la manœuvre de la cavalerie et assurent aux éléments de cavalerie le passage au sud de la Chiers et de la Meuse.
Cet ajustage sera compliqué du fait qu’il n’y a pas concordance entre les limites d’action des G.U. de cavalerie et les limites des zones d’action de G.U. en secteur.
A SUIVRE
2ème Partie :
Valeur de la défense le 21 octobre
Voici un extrait de l’Historique du 10ème Corps d’Armée 1939-1940
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Par le Général C. GRANDSARD
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1ère Partie :
Mise en place du 10ème CA : Dispositif, Conception de la défense
Au début de la cocentration, la zone Chiers-Meuse a été occupée par la 71ème DI de série B, aux ordres du Corps d’Armée F (général Duffour), Corps d’Armée d’un type tout particulier, puisqu’il ne possède pas d’éléments organiques. Le commandement du général commandant le Corps d’Armée F s’étend également à l’est de la zone Chiers-Meuse, sur la tête de pont de Montmédy.
L’introduction du 10ème CA dans la position de résistance n’a pas pour origine une modification dans l’idée de manœuvre du commandement : il a seulement apparu opportun de relever le Corps d’Armée F par un autre normalement doté. Le 10ème CA, qui se trouvait en réserve de la II° Armée dans les arrières du Corps d’Armée F, avait en effet dû prçeter à celui-ci son groupe de reconnaissance, son régiment de pionniers et des organes de réparation de son Parc d’Artillerie.
La prise de commandement par le général commandant le 10ème CA a lieu le 12 octobre à midi à Buzancy, mais les troupes destinées à occuper la zone ne sont en place qu’à partir du 21 octobre.
A cette date le dispositif est le suivant :
La zone du 10èle CA comporte deux secteurs. Chaque secteur est tenu par une grande Unité, coiffant des éléments de renforcement.
a) Secteur de Mouzon : 71ème division – Q.G. Beaumout – P.C. avancé : bois de Villemontry – 136ème R.I.F.
b) Secteur de Sedan : 55èle Division – Q.G. Raucourt – P.C. avancé : Bulson – 147ème R.I.F. – II° Bataillon de Mitrailleurs.
Les régiments de forteresse sont déployés sur la ligne principale de résistance. Ils assurent en avant de cette ligne un barrage continu. Leur dispositif sur le terrain, qui a fait l’objet de reconnaissances approfondies en temps de paix et qui s’appuie sur des ouvrages permanents, constitue en quelque sorte l’ossature minimum de la position. Il est indépendant du dispositif d’occupation des troupes de renforcement, il est prescrit de ne le modifier en aucun cas. Les troupes de renforcement s’échelonnent en arrière dans la profondeur de la position (ordre général d’opération n°6 du 17/10 de la II° Armée).
Le commandement sera cependant organisé en profondeur dans chaque quartier, troupes de forteresse et troupes de campagne étant sous les ordres d’un même chef.
c) Réserves : un régiment d’infanterie fourni par la 55ème DI ; et les G.R. après repli.
d) L’artillerie de renforcement comporte : les éléments de forteresse du 99ème R.A.F. (2 groupes de 75) et du 169ème R.A.F. (3 batterie de 105L 13 et 1 batterie de 155L 18) et des éléments d’artillerie longue du 145ème R.A.L. (1 groupe de 105L 13) et du 185ème R.A.L. (1 groupe de 155L 16).
L’artillerie lourde longue constitue deux groupements adaptés à chacun des secteurs :
Secteur de Mouzon :
2 Batteries de position du 169ème R.A.F. (1 bie de 105L 13, 1bie de 155L 18).
1 groupe de 155L du 110ème R.A.L.H.
1 groupe de 105L 13 du 145ème R.A.L.T.
1 groupe de 155L 16 du 185ème R.A.L.T.
Secteur de Sedan :
2 groupe de 105L 13 du 110ème R.A.L.H.
1 groupe de 155L 17 du 110ème R.A.L.H.
2 batterie de 105L 13 de position du 169ème R.A.F.
e) Avancées : A la mobilisation les avancées ont été occupées par 3 compagnie de Frontaliers, de classes anciennes et 2 pelotons de G.R.M. Depuis le 16 octobre des unités de cavalerie destinées à une action éventuelle en Belgique sont placées entre la Meuse, La Chiers et la frontière. Elle comprennent :
- dans la région de Carignan, la 2ème Division de Cavalerie
- dans la région de Sedan, un groupement, dit « de Bouillon » avec le 12ème G.R.C.A. du 10° CA, le 60ème G.R.D.I. de la 71° DI, le 93ème G.R.D.I. de la 3° DINA, remplacé quelques jours après par le 64ème G.R.D.I. de la 55° DI.
La 2ème DC relève directement du général commandant l’Armée. Le groupement de Bouillon relève directement du général commandant le 10ème CA. La zone d’action de la 2ème DC déborde largement à droite la limite du 10ème CA ; la limite entre elle et le groupement de Bouillon ne coïncide pas avec les limites des secteurs tenus par les D.I.
La mission du 10ème CA est d’assurer l’intégrité de la position de résistance dans sa zone. Le général commandant le Corps d’Armée décide de faire porter son effort défensif :
a) sur les débouchés sud-ouest de Sedan vers la vallée de la Bar.
b) Sur les hauteurs de Vaux-les-Mouzon
D’une part, c’est là qu’aboutissent deux importants faisceaux routiers qui réunissent les itinéraires venant de Belgique et qui permettent à l’ennemi soit une arrivée rapide de moyens importants, suivis d’une attaque brusquée ; soit l’établissement d’importants systèmes d’artillerie permettant une attaque méthodique et puissante.
D’autre part, comme on l’a déjà vu :
- la région de Sedan est particulièrement favorable pour une tentative de passage de la Meuse ;
- la région de Carignan – Mouzon est celle qui permet à l’ennemi d’atteindre le plus rapidement possible la Meuse à travers la position du secteur de Mouzon.
L’ennemi sera pris par l’artillerie sur ses itinéraires d’accès, aux débouchés de la forêt des Ardennes et quand il abordera les destructions.
La défense sera organisée en profondeur ; à cet effet, il est prescrit :
… un barrage continu et dense sera réalisé devant la ligne principale …
… la défense sera organisée en profondeur jusqu’à la ligne d’arrêt devant laquelle, en tout état de cause, sera réalisé un barrage continu …
Dans le cas où l’ennemi pénétrerait dans la position de résistance, des contre-attaques seraient, après colmatage, exécutées en vue de rétablir l’intégrité de la position (ordre général d’opération n°6 du 14/10/39, II° armée) …
Précisant, en ce qui concerne, comment sera conçue l’organisation en profondeur de la P.R., le général commandant le 10ème CA prescrit ( ordre général d’opération n° 2 du 16/10/39, 10° CA et ordre général du 20 octobre) :
Dans toute la profondeur de la position, sur la ligne principale comme sur la ligne d’arrêt ou entre ces lignes, la défense sera organisée en points d’appui ou centre de résistance cerclés, capable de se défendre isolément même dépassés par l’infanterie et les chars ennemis. Les P.A. ou C.R. s’accrocheront par conséquent aux obstacles du terrain, bois, villages, etc.
En raison de la présence de la cavalerie, en avant de la P.R., en raison de la valeur de l’obstacle qui la couvre, cette P.R. ne peut se trouver en butte à une irruption subite de l’ennemi et cet ennemi, avant d’employer ses chars en masse, devra conquérir de vive force des passages sur la Meuse ou la Chiers.
Dans ces conditions, les réserves (annexe au plan de défense du 10° CA, 24/10/39) ne seront pas initialement réparties au profit de l’un et de l’autre des secteurs, mais placées en un dispositif articulé dans une position centrale qui leur permette, en une étape de nuit, dès que la zone d’attaque ennemie sera décelée, de se porter dans cette zone en arrière de la ligne d’arrêt en travers des principaux couloirs d’accès en question, soit de recevoir du général commandant la division intéressée une mission de colmatage et éventuellement de contre-attaque.
Les missions pour lesquelles les réserves doivent faire des reconnaissances sont données dans l’ordre ci-après :
1° Barrage de la trouée de la Bar ;
2° Renforcement du secteur de Mouzon dans sa partie centrale :
a) soit en rive est de la Meuse, région bois de Cernay, Vaux-les-Mouzon ;
b) soit sur la rive ouest de la Meuse de Petit-Remilly à Mouzon.
3° Renforcement du secteur de Sedan dans les directions : Bazeilles – Bulson ;
Remilly – Raucourt ;
A hauteur des bois de la Marfée et d’Angecourt ;
4° Renforcement du secteur de Mouzon dans sa partie est entre Vaux-les-Mouzon et Malandry.
La zone de rassemblement initial est choisie à une étape environ de la ligne d’arrêt, en position centrale, dans la région Raucourt-Artaise-Yoncq pour le régiment d’infanterie réservé.. Les groupes de reconnaissance doivent être regroupés, au sud, sur la ligne La Berlière-Sommauthe- Laneuville-sur-Meuse.
Avant l’arrivée de la cavalerie au nord de la Chiers et de la Meuse, la défense des avancées de la P.R. est confiée, nous l’avons vu, à 3 compagnies de frontaliers et un escadron à 2 pelotons de G.R.M. Ces éléments s’appuient à la ligne des maisons fortes. Leurs effectifs ne leur permettent, sur ce front de quarante kilomètres, ni défense continue, ni profondeur : ils ne sont là que pour alerter la P.R. et donner le temps aux troupes d’occupation de garnir la position. Aussi les maisons fortes doivent-elles tenir jusqu’à la mort.
La présence de cavalerie modifie la situation ; bien que ses effectifs ne soient pas considérables (la valeur de trente-trois escadrons pour une zone de cinquante kilomètres de large environ) elle peut porter la couverture sur la Semoy et chercher le renseignement au delà.
La manœuvre de la cavalerie et celle des frontaliers s’ajusteront.
Avant l’alerte, la cavalerie sera en cantonnement en arrière de la ligne des maisons fortes qui la couvrira et l’alertera si l’alerte n’est pas venue par le commandement.
A l’alerte la cavalerie gagnera la Smoy, y trouvera les frontaliers, les absorbera et , quand elle devra abandonner cette ligne, les libérera.
Il y a donc un ajustage très précis à faire entre les manœuvres de la cavalerie et des frontaliers. Il faudra aussi que la cavalerie couvre l’exécution des destructions et que les troupes en secteur appuient de leur artillerie la manœuvre de la cavalerie et assurent aux éléments de cavalerie le passage au sud de la Chiers et de la Meuse.
Cet ajustage sera compliqué du fait qu’il n’y a pas concordance entre les limites d’action des G.U. de cavalerie et les limites des zones d’action de G.U. en secteur.
A SUIVRE
2ème Partie :
Valeur de la défense le 21 octobre
Re: Préparation du futur front de SEDAN
Bonjour,
2ème Partie :
Valeur de la défense le 21 octobre
La situation des grandes Unités subordonnées et celle des troupes de forteresse en secteur présentent les mêmes faiblesses.
A – 55ème et 71ème DI
1°) Personnel :
La 55ème et la 71ème DI sont de série B, uniquement composées de réservistes.
Tous les officiers, sauf les chefs de corps, sont de réserve. Qu’ils aient suivi les cours des Ecoles de perfectionnement ou qu’ils n’aient rien fait pour se tenir au courant de l’évolution militaire, les officiers (à part quelques exceptions) sont peu aptes au commandement. Les écoles de perfectionnement ont distribué, au prix d’un effort certes méritoire, une instruction théorique, sans connaissances pratiques, sans connaissances administratives, et surtout sans contact avec la troupe. Quelques officiers ont fait l’autre guerre et sont titulaires de belles citations ; mais ils ont vieilli dans leur grade et sont cristallisés dans les habitudes de 1918.
Dans l’ensemble, pas de connaissances pratiques, pas de désir de commander et de se faire obéir.
Les sous-officiers sont issus de la loi d’un an ; ils ont été nommés sous-officiers dans la réserve sans avoir exercé dans l’armée active un commandement supérieur à celui de caporal ou brigadier. Connaissant mal leur métier, ils n’osent ni ne veulent commander. Ils sont incapables de s’imposer à des hommes qui étaient leurs camarades, quelquefois leurs chefs, dans la vie civile. Ils n’ont aucun sentiment de leur responsabilité et les officiers, bien souvent, nepouvant rien en obtenir, s’adressent directement aux hommes plutôt que de travailler à former de bons sous-officiers.
Les hommes non plus n’ont aucune imprégnation militaire. Le service d’un an n’a laissé que des traces d’instruction, il n’a pas réussi à donner à l’homme un esprit militaire. Les cas de mauvaise volonté sont rares , mais l’ardeur au travail, à l’instruction, et le désir de se battre sont plus rares encore. La nonchalance est générale ; elle s’accompagne du sentiment que la France ne peut être battue, que l’Allemagne sera vaincue sans combat.
Dans l’infanterie, les hommes ont de trente à trente-deux ans, la valeur physique est bonne. Mais les hommes sont gras et lourds. L’instruction est à reprendre, elle est même complètement à faire pour les hommes en provenance d’autres armes : artillerie, marine, aviation …
Dans l’artillerie, les hommes sont plus agés. L’instruction est médiocre. A noter au 45ème RAD de la 55ème DI un déficit de 68 sous-officiers pour un effectif théorique de 278.
Cette appréciation de la valeur des unités des 55ème et 71ème DI découle directement des remarques et comptes rendus faits par les chefs de corps.
Est-elle pour surprendre ?
La situation, à la mobilisation des 55ème et 71ème DI ne leur est pas particulière ; elle est celle de toutes les divisions de série B et elle est bien connue du commandement. Quelques années avant la guerre, une expérience avait été faite de réunion dans un grand camp, pour une période d’instruction, de tous les éléments d’une division de cette série. Elle fut commandée par un chef hautement qualifié, manieur d’hommes remarquable, qui avait fait à cet égard ses preuves comme commandant de 1914 à 1918, successivement, des 91ème et 152ème RI, deux régiments qui se sont magnifiquement comportés : j’ai nommé le général Barrard. Bien que le silence eût été fait sur le résultat de cette expérience, toute l’armée croyait savoir qu’elle avait été absolument et entièrement décevante. Le général Gamelin, dans son livre Servir, rappelle comment, par ses notes du 12/10/1938 (n°853/D.N. 3) et du 26/10/38 (n° 936/D.N. 3), il appelle l’attention du gouvernement sur la nécessité d’améliorer au premier chef les unités de formation.
2°) Matériel :
a) L’armement de ces divisions de série B révèle la lenteur des fabrications du temps de paix. Si les armes automatiques sont au complet ; ayant pu être stockées depuis longtemps, l’armement antichars, que cependant les dotations théoriques ont fixé d’une manière parcimonieuse, est loin d’être complet.
Ni l’une, ni l’autre de ces divisions n’ont de compagnie divisionnaire antichars.
A la 71ème division, il manque 44 canons de 25 pour une dotation théorique de 52. On y supplée, dans une faible part, avec 14 canons de 37. La B.D.A.C. est armée de 75 au lieu de 47 ; bon canon, certes , mais qui doit être placé sur plateforme et n’a plus aucune mobilité.
A la 55ème division le déficit est encore plus important. Un seul canon de 25 (sans lunette de pointage) et 13 canons de 37 au lieu de 52 canons de 25. La B.D.A.C. n’existe pas.
Dans ces deux divisions, le matériel des régiments d’artillerie est au complet, mais il ne comporte organiquement qu’un seul groupe de 155C. Les groupes ont pour leur défense rapprochée des mitrailleuses type Saint-Etienne et des fusils-mitrailleurs 1915, armement incapable de participer efficacement à la lutte antiaérienne, soit à cause de son inaptitude au tir sous de grands angles, soit à cause d’une cadence de tir trop lente.
b) Matériel auto – Dans les division de série B, le matériel auto est organiquement réduit au minimum ; cependant, des déficits initiaux de 11% à la 55ème division , de 16% à la 71ème division, sont relevés par rapport aux dotations réglementaires. Le matériel existant, produit d’une réquisition qui a dû commencer par équiper des grandes unités à mobilisation plus rapide, est bien incapable de suppléer par sa qualité à ces déficits. De fait, en raison de la mauvaise qualité du matériel et en raison du service intense qu’on exigera de lui pour réaliser l’organisation de la position, l’état du matériel auto ira en empirant sans cesse.
c) Habillement – Bien que mis sur pied par des régions différentes, les déficits sont comparables dans les divisions et dans les E.O.C.A./10. les différents déficits sont pour la 55ème DI : chemises ?; brodequins 12% ; culottes 13% ; toiles de tentes 54%. Pour la 71ème DI : chemises 16%; brodequins 39% ; culottes 42% ; toiles de tentes 17%.
Les artilleurs de la 55ème DI sont en grande partie coiffés de casquettes.
Le déficit en couvertures est important dans les deux divisions.
3°) Chevaux
Les déficits en chevaux sont faibles, mais l’âge moyen des chevaux est élevé.
B – Eléments de renforcement
1°) Infanterie (136ème R.I.F., 147ème R.I.F.)
Ces deux régiments sont formés, comme tous les régiments de forteresse, par détriplement d’un bataillon du temps de paix. Par suite, ils ont un noyau important de cadres actifs et d’hommes du contingent.
L’armement de ces corps comporte un nombre d’armes automatiques et de canons antichars, correspondant à l’équipement des ouvrages à tenir. Mais là encore, un certain déficit apparaît en ce qui concerne les armes antichars.
Au 136ème RIF, les dotation théorique / les déficit sont :
Fusils-mitrailleurs : 162 / néant ;
Mitrailleuses : 144 / néant ;
Canons de 25 : 27 / 5 ;
Canons de 37 : 7 / 4 ;
Canons de 47 : 8 / néant ;
Mortiers de 81 : 21 / néant ;
Au 147ème RIF, les dotation théorique / les déficit sont :
Fusils-mitrailleurs : 126 / néant ;
Mitrailleuses : 135 / néant ;
Canons de 25 : 22 / 5 ;
Canons de 37 : 8 / 4 ;
Canons de 47 : 3 / néant ;
Mortiers de 81 : 27 / néant ;
Le matériel auto est complet, mais sans homogénéité. C’est ainsi qu’au 147ème RIF, on compte 50% de véhicules en bon état, 35 % dans un état médiocre, 15 % en mauvais état ou inutilisables.
IIème B.M. – Le IIème B.M. a été formé à la mobilisation. Sa dotation théorique d’armes automatiques est réalisée, mais il lui manque 6 sur 9 des canons de 25 prévus.
2°) Artillerie
Les matériels d’artillerie de renforcement : III/145ème RAL (145-155), II/185ème RAL (canons de 155L modèle 1916 tractés par véhicules anciens et très lents) sont complets.
Munitions – Pour toute l’artillerie, qu’elle soit organique ou de renforcement, les ordres prescrivent de n’avoir aux positions que 1,5 unité de feu en plus du plein des coffres. Cet approvisionnement est bien insuffisant pour mener un combat de quelque durée (l’unité de feu comprend par pièce de 75 :200 coups ; par pièce de 105L : 100 coups ; par pièce de155C : 75 coups ; par pièce de 155L de 75 à 100 suivant les types).
C – Quelle résistance peuvent offrir les troupes en secteur sur le terrain considéré ?
a) Alors qu’on admettait avant la guerre que la densité des armes automatiques devait être de 52 armes au kilomètre pour une position de résistance normale, on trouve :
- au secteur de Mouzon, 32 armes automatiques au kilomètre ;
au secteur de Sedan, 32 armes automatiques au kilomètre.
b) Si l’on rapproche le nombre des ouvrages bétonnés de celui des armes automatiques des troupes d’occupation, on fait les constatations suivantes :
Secteur de Mouzon – Moins du tiers des armes automatiques peut être abrité sous béton, 200 environ sur 670 (se décomposant comme suit : 136ème RIF, 306 armes ; 71ème DI pour 7 bataillons, les 2 autres bataillons étant en réserve : 364 armes automatiques).
Secteur de Sedan – Le huitième des armes automatiques seulement peut être abrité sous béton : 80 environ sur 647 (se décomposant comme suit : 147ème RIF, 261 ; IIème B.M., 74, 55ème DI : en admettant 6 bataillon en lignes, les 3 autres bataillons étant en réserve, 312).
Il est possible de ne pas relever que le secteur de Sedan est , de beaucoup, le plus pauvre.
c) En ce qui concerne l’armement antichars on trouve la densité linéaire suivante :
Secteur de Mouzon – 62 armes antichars (y compris les 6 canons de 75 de la BDAC de la 71ème division) sur 21 kilomètres de front, soit une densité linéaire kilométrique de 2,9.
Secteur de Sedan – 58 armes antichars pour 20 kilomètres de front, soit une densité linéaire kilométrique de 2,9.
d) La défense antiaérienne ne comporte, dans toute la zone du 10ème CA, pas une seule arme spécialisée. On s’efforce d’y suppléer dans l’infanterie, en disposant à côté de chaque emplacement de combat pour armes automatiques un emplacement pour tir antiaérien. Ce système n’a de valeur que si l’ennemi ne tente pas d’aborder la position puisque, à ce moment, toutes les armes automatiques doivent évidemment se réserver pour l’action contre l’infanterie ennemie. L’armement que possèdent les batteries d’artillerie pour leur défense rapprochée (fusils-mitrailleurs 1915, mitrailleuses Saint-Etienne type 1907) est impropre, on l’a vu, au tir antiaérien. Les organes de commandement ne disposent pas organiquement d’un armement antiaérien ; ils ne peuvent donc établir une défense antiaérienne des P.C. que par prélèvement sur l’armement des corps de troupe.
Armées d’une manière peu efficace contre l’aviation ennemie volant à base altitude, les troupes en secteur sont impuissantes contre les avions volant au-dessus de 1 200 à 1 500 mètres.
e) La densité d’artillerie est à peine celle qui était admise avant la guerre pour une défense sur grands fronts. Au total : 8 groupes de 75, 3 groupes de 105L ; 2 groupes de 155C ; 4 groupes de 155L , pour un front de 41 kilomètres. La faible quantité de 75, en particulier, donne à raison de 600 mètres par groupe, des possibilités de tir d’arrêt sur 4 800 mètres seulement sur 41 kilomètres de la zone Chiers-Meuse. La largeur de la zone ne permet pas des concentrations massives d’artillerie longue.
f) Les réserves sont peu importantes pour un front aussi étendu. Elles se composent d’un régiment d’infanterie à 3 bataillons qui devra être employé d’une manière d’autant plus diluée que l’attaque ennemie intéressera un front plus large, et du groupement de G.R. dont le regroupement au sud de la Meuse ne se fera pas sans difficultés.
De ces diverses constatations, il résulte que la position, telle qu’elle est organisée et occupée le 21 octobre, présente une faible valeur défensive :
- contre une attaque (bien improbable d’ailleurs) qui serait menée sans engins blindés : faible densité d’armes automatiques, insuffisance de protection de ces armes, faible densité de l’artillerie ;
- Contre une attaque menée avec le concours d’engins blindés, la situation serait plus grave encore : la Meuse et la Chiers ne sont pas infranchissables et la densité réalisée de trois armes antichars au kilomètre ne correspond pas au dixième des armes nécessaires pour arrêter une telle attaque. Les études allemandes sur l’emploi des chars envisagent une densité de 100 chars au kilomètre. Que pèseraient, devant ces 100 chars , 3 armes antichars réparties sur une profondeur de quelque 2 kilomètres ?
Enfin, que l’attaque soit appuyée par une intense action d’aviation contre laquelle les troupes sont impuissantes, et la position risque de céder rapidement.
Il faudrait, pour tenir dans ces conditions, une troupe parfaitement instruite, connaissant à fond l’emploi de ses armes, ayant un moral élevé et la volonté de se battre ; les cadres et la troupe des unités en secteur ne montrent pas, on l’a vu, les qualités qui seraient nécessaires.
En avant de la P.R., l’action de la cavalerie se heurte à de grosses difficultés. Celles qui résultent de la complexité de la manœuvre seront résolues avec le temps. Mais la faiblesse des effectifs en regard de la largeur de la zone d’action, le manque de blindés et de moyens antichars – le groupement de Bouillon a en tout 4 canons de 25 et 1 canon de 37 pour une zone d’action d’environ 22 kilomètres de largeur – ne permettent pas d’espérer, dans les meilleurs conditions, que cette cavalerie puisse infliger à l’ennemi des pertes et un ralentissement importants et obligent à craindre, au contraire, qu’elle ne subisse elle-même des pertes sensibles.
En revanche, on peut faire fond sur la solidité de la troupe, même les G.R., et son aptitude manœuvrière, au moins en ce qui concerne la 2ème D.C.
Enfin, ni l’armée ni le corps d’armée ne possèdent d’aviation de combat susceptible d’aller attaquer au loin des colonnes ennemies prétendant traverser les Ardennes.
Ainsi, la situation est, dans son ensemble, précaire dans l’hypothèse d’une attaque ennemie.
Renforcer la position par des travaux de campagne et de bétonnage et par la création de bretelles ; instruire les troupes, compléter l’armement et les matériels de toute nature ; régler les points délicats de la manœuvre de la cavalerie ; mettre au point l’application du Plan de défense, les hypothèses et les études de renforcement par des grandes unités supplémentaires : tels sont les buts à échéance plus ou moins lointaine que se fixe le commandement aussitôt que le dispositif se trouve réalisé.
A SUIVRE : Evolution du plan de défense de la position de résistance.
Cordialement
2ème Partie :
Valeur de la défense le 21 octobre
La situation des grandes Unités subordonnées et celle des troupes de forteresse en secteur présentent les mêmes faiblesses.
A – 55ème et 71ème DI
1°) Personnel :
La 55ème et la 71ème DI sont de série B, uniquement composées de réservistes.
Tous les officiers, sauf les chefs de corps, sont de réserve. Qu’ils aient suivi les cours des Ecoles de perfectionnement ou qu’ils n’aient rien fait pour se tenir au courant de l’évolution militaire, les officiers (à part quelques exceptions) sont peu aptes au commandement. Les écoles de perfectionnement ont distribué, au prix d’un effort certes méritoire, une instruction théorique, sans connaissances pratiques, sans connaissances administratives, et surtout sans contact avec la troupe. Quelques officiers ont fait l’autre guerre et sont titulaires de belles citations ; mais ils ont vieilli dans leur grade et sont cristallisés dans les habitudes de 1918.
Dans l’ensemble, pas de connaissances pratiques, pas de désir de commander et de se faire obéir.
Les sous-officiers sont issus de la loi d’un an ; ils ont été nommés sous-officiers dans la réserve sans avoir exercé dans l’armée active un commandement supérieur à celui de caporal ou brigadier. Connaissant mal leur métier, ils n’osent ni ne veulent commander. Ils sont incapables de s’imposer à des hommes qui étaient leurs camarades, quelquefois leurs chefs, dans la vie civile. Ils n’ont aucun sentiment de leur responsabilité et les officiers, bien souvent, nepouvant rien en obtenir, s’adressent directement aux hommes plutôt que de travailler à former de bons sous-officiers.
Les hommes non plus n’ont aucune imprégnation militaire. Le service d’un an n’a laissé que des traces d’instruction, il n’a pas réussi à donner à l’homme un esprit militaire. Les cas de mauvaise volonté sont rares , mais l’ardeur au travail, à l’instruction, et le désir de se battre sont plus rares encore. La nonchalance est générale ; elle s’accompagne du sentiment que la France ne peut être battue, que l’Allemagne sera vaincue sans combat.
Dans l’infanterie, les hommes ont de trente à trente-deux ans, la valeur physique est bonne. Mais les hommes sont gras et lourds. L’instruction est à reprendre, elle est même complètement à faire pour les hommes en provenance d’autres armes : artillerie, marine, aviation …
Dans l’artillerie, les hommes sont plus agés. L’instruction est médiocre. A noter au 45ème RAD de la 55ème DI un déficit de 68 sous-officiers pour un effectif théorique de 278.
Cette appréciation de la valeur des unités des 55ème et 71ème DI découle directement des remarques et comptes rendus faits par les chefs de corps.
Est-elle pour surprendre ?
La situation, à la mobilisation des 55ème et 71ème DI ne leur est pas particulière ; elle est celle de toutes les divisions de série B et elle est bien connue du commandement. Quelques années avant la guerre, une expérience avait été faite de réunion dans un grand camp, pour une période d’instruction, de tous les éléments d’une division de cette série. Elle fut commandée par un chef hautement qualifié, manieur d’hommes remarquable, qui avait fait à cet égard ses preuves comme commandant de 1914 à 1918, successivement, des 91ème et 152ème RI, deux régiments qui se sont magnifiquement comportés : j’ai nommé le général Barrard. Bien que le silence eût été fait sur le résultat de cette expérience, toute l’armée croyait savoir qu’elle avait été absolument et entièrement décevante. Le général Gamelin, dans son livre Servir, rappelle comment, par ses notes du 12/10/1938 (n°853/D.N. 3) et du 26/10/38 (n° 936/D.N. 3), il appelle l’attention du gouvernement sur la nécessité d’améliorer au premier chef les unités de formation.
2°) Matériel :
a) L’armement de ces divisions de série B révèle la lenteur des fabrications du temps de paix. Si les armes automatiques sont au complet ; ayant pu être stockées depuis longtemps, l’armement antichars, que cependant les dotations théoriques ont fixé d’une manière parcimonieuse, est loin d’être complet.
Ni l’une, ni l’autre de ces divisions n’ont de compagnie divisionnaire antichars.
A la 71ème division, il manque 44 canons de 25 pour une dotation théorique de 52. On y supplée, dans une faible part, avec 14 canons de 37. La B.D.A.C. est armée de 75 au lieu de 47 ; bon canon, certes , mais qui doit être placé sur plateforme et n’a plus aucune mobilité.
A la 55ème division le déficit est encore plus important. Un seul canon de 25 (sans lunette de pointage) et 13 canons de 37 au lieu de 52 canons de 25. La B.D.A.C. n’existe pas.
Dans ces deux divisions, le matériel des régiments d’artillerie est au complet, mais il ne comporte organiquement qu’un seul groupe de 155C. Les groupes ont pour leur défense rapprochée des mitrailleuses type Saint-Etienne et des fusils-mitrailleurs 1915, armement incapable de participer efficacement à la lutte antiaérienne, soit à cause de son inaptitude au tir sous de grands angles, soit à cause d’une cadence de tir trop lente.
b) Matériel auto – Dans les division de série B, le matériel auto est organiquement réduit au minimum ; cependant, des déficits initiaux de 11% à la 55ème division , de 16% à la 71ème division, sont relevés par rapport aux dotations réglementaires. Le matériel existant, produit d’une réquisition qui a dû commencer par équiper des grandes unités à mobilisation plus rapide, est bien incapable de suppléer par sa qualité à ces déficits. De fait, en raison de la mauvaise qualité du matériel et en raison du service intense qu’on exigera de lui pour réaliser l’organisation de la position, l’état du matériel auto ira en empirant sans cesse.
c) Habillement – Bien que mis sur pied par des régions différentes, les déficits sont comparables dans les divisions et dans les E.O.C.A./10. les différents déficits sont pour la 55ème DI : chemises ?; brodequins 12% ; culottes 13% ; toiles de tentes 54%. Pour la 71ème DI : chemises 16%; brodequins 39% ; culottes 42% ; toiles de tentes 17%.
Les artilleurs de la 55ème DI sont en grande partie coiffés de casquettes.
Le déficit en couvertures est important dans les deux divisions.
3°) Chevaux
Les déficits en chevaux sont faibles, mais l’âge moyen des chevaux est élevé.
B – Eléments de renforcement
1°) Infanterie (136ème R.I.F., 147ème R.I.F.)
Ces deux régiments sont formés, comme tous les régiments de forteresse, par détriplement d’un bataillon du temps de paix. Par suite, ils ont un noyau important de cadres actifs et d’hommes du contingent.
L’armement de ces corps comporte un nombre d’armes automatiques et de canons antichars, correspondant à l’équipement des ouvrages à tenir. Mais là encore, un certain déficit apparaît en ce qui concerne les armes antichars.
Au 136ème RIF, les dotation théorique / les déficit sont :
Fusils-mitrailleurs : 162 / néant ;
Mitrailleuses : 144 / néant ;
Canons de 25 : 27 / 5 ;
Canons de 37 : 7 / 4 ;
Canons de 47 : 8 / néant ;
Mortiers de 81 : 21 / néant ;
Au 147ème RIF, les dotation théorique / les déficit sont :
Fusils-mitrailleurs : 126 / néant ;
Mitrailleuses : 135 / néant ;
Canons de 25 : 22 / 5 ;
Canons de 37 : 8 / 4 ;
Canons de 47 : 3 / néant ;
Mortiers de 81 : 27 / néant ;
Le matériel auto est complet, mais sans homogénéité. C’est ainsi qu’au 147ème RIF, on compte 50% de véhicules en bon état, 35 % dans un état médiocre, 15 % en mauvais état ou inutilisables.
IIème B.M. – Le IIème B.M. a été formé à la mobilisation. Sa dotation théorique d’armes automatiques est réalisée, mais il lui manque 6 sur 9 des canons de 25 prévus.
2°) Artillerie
Les matériels d’artillerie de renforcement : III/145ème RAL (145-155), II/185ème RAL (canons de 155L modèle 1916 tractés par véhicules anciens et très lents) sont complets.
Munitions – Pour toute l’artillerie, qu’elle soit organique ou de renforcement, les ordres prescrivent de n’avoir aux positions que 1,5 unité de feu en plus du plein des coffres. Cet approvisionnement est bien insuffisant pour mener un combat de quelque durée (l’unité de feu comprend par pièce de 75 :200 coups ; par pièce de 105L : 100 coups ; par pièce de155C : 75 coups ; par pièce de 155L de 75 à 100 suivant les types).
C – Quelle résistance peuvent offrir les troupes en secteur sur le terrain considéré ?
a) Alors qu’on admettait avant la guerre que la densité des armes automatiques devait être de 52 armes au kilomètre pour une position de résistance normale, on trouve :
- au secteur de Mouzon, 32 armes automatiques au kilomètre ;
au secteur de Sedan, 32 armes automatiques au kilomètre.
b) Si l’on rapproche le nombre des ouvrages bétonnés de celui des armes automatiques des troupes d’occupation, on fait les constatations suivantes :
Secteur de Mouzon – Moins du tiers des armes automatiques peut être abrité sous béton, 200 environ sur 670 (se décomposant comme suit : 136ème RIF, 306 armes ; 71ème DI pour 7 bataillons, les 2 autres bataillons étant en réserve : 364 armes automatiques).
Secteur de Sedan – Le huitième des armes automatiques seulement peut être abrité sous béton : 80 environ sur 647 (se décomposant comme suit : 147ème RIF, 261 ; IIème B.M., 74, 55ème DI : en admettant 6 bataillon en lignes, les 3 autres bataillons étant en réserve, 312).
Il est possible de ne pas relever que le secteur de Sedan est , de beaucoup, le plus pauvre.
c) En ce qui concerne l’armement antichars on trouve la densité linéaire suivante :
Secteur de Mouzon – 62 armes antichars (y compris les 6 canons de 75 de la BDAC de la 71ème division) sur 21 kilomètres de front, soit une densité linéaire kilométrique de 2,9.
Secteur de Sedan – 58 armes antichars pour 20 kilomètres de front, soit une densité linéaire kilométrique de 2,9.
d) La défense antiaérienne ne comporte, dans toute la zone du 10ème CA, pas une seule arme spécialisée. On s’efforce d’y suppléer dans l’infanterie, en disposant à côté de chaque emplacement de combat pour armes automatiques un emplacement pour tir antiaérien. Ce système n’a de valeur que si l’ennemi ne tente pas d’aborder la position puisque, à ce moment, toutes les armes automatiques doivent évidemment se réserver pour l’action contre l’infanterie ennemie. L’armement que possèdent les batteries d’artillerie pour leur défense rapprochée (fusils-mitrailleurs 1915, mitrailleuses Saint-Etienne type 1907) est impropre, on l’a vu, au tir antiaérien. Les organes de commandement ne disposent pas organiquement d’un armement antiaérien ; ils ne peuvent donc établir une défense antiaérienne des P.C. que par prélèvement sur l’armement des corps de troupe.
Armées d’une manière peu efficace contre l’aviation ennemie volant à base altitude, les troupes en secteur sont impuissantes contre les avions volant au-dessus de 1 200 à 1 500 mètres.
e) La densité d’artillerie est à peine celle qui était admise avant la guerre pour une défense sur grands fronts. Au total : 8 groupes de 75, 3 groupes de 105L ; 2 groupes de 155C ; 4 groupes de 155L , pour un front de 41 kilomètres. La faible quantité de 75, en particulier, donne à raison de 600 mètres par groupe, des possibilités de tir d’arrêt sur 4 800 mètres seulement sur 41 kilomètres de la zone Chiers-Meuse. La largeur de la zone ne permet pas des concentrations massives d’artillerie longue.
f) Les réserves sont peu importantes pour un front aussi étendu. Elles se composent d’un régiment d’infanterie à 3 bataillons qui devra être employé d’une manière d’autant plus diluée que l’attaque ennemie intéressera un front plus large, et du groupement de G.R. dont le regroupement au sud de la Meuse ne se fera pas sans difficultés.
De ces diverses constatations, il résulte que la position, telle qu’elle est organisée et occupée le 21 octobre, présente une faible valeur défensive :
- contre une attaque (bien improbable d’ailleurs) qui serait menée sans engins blindés : faible densité d’armes automatiques, insuffisance de protection de ces armes, faible densité de l’artillerie ;
- Contre une attaque menée avec le concours d’engins blindés, la situation serait plus grave encore : la Meuse et la Chiers ne sont pas infranchissables et la densité réalisée de trois armes antichars au kilomètre ne correspond pas au dixième des armes nécessaires pour arrêter une telle attaque. Les études allemandes sur l’emploi des chars envisagent une densité de 100 chars au kilomètre. Que pèseraient, devant ces 100 chars , 3 armes antichars réparties sur une profondeur de quelque 2 kilomètres ?
Enfin, que l’attaque soit appuyée par une intense action d’aviation contre laquelle les troupes sont impuissantes, et la position risque de céder rapidement.
Il faudrait, pour tenir dans ces conditions, une troupe parfaitement instruite, connaissant à fond l’emploi de ses armes, ayant un moral élevé et la volonté de se battre ; les cadres et la troupe des unités en secteur ne montrent pas, on l’a vu, les qualités qui seraient nécessaires.
En avant de la P.R., l’action de la cavalerie se heurte à de grosses difficultés. Celles qui résultent de la complexité de la manœuvre seront résolues avec le temps. Mais la faiblesse des effectifs en regard de la largeur de la zone d’action, le manque de blindés et de moyens antichars – le groupement de Bouillon a en tout 4 canons de 25 et 1 canon de 37 pour une zone d’action d’environ 22 kilomètres de largeur – ne permettent pas d’espérer, dans les meilleurs conditions, que cette cavalerie puisse infliger à l’ennemi des pertes et un ralentissement importants et obligent à craindre, au contraire, qu’elle ne subisse elle-même des pertes sensibles.
En revanche, on peut faire fond sur la solidité de la troupe, même les G.R., et son aptitude manœuvrière, au moins en ce qui concerne la 2ème D.C.
Enfin, ni l’armée ni le corps d’armée ne possèdent d’aviation de combat susceptible d’aller attaquer au loin des colonnes ennemies prétendant traverser les Ardennes.
Ainsi, la situation est, dans son ensemble, précaire dans l’hypothèse d’une attaque ennemie.
Renforcer la position par des travaux de campagne et de bétonnage et par la création de bretelles ; instruire les troupes, compléter l’armement et les matériels de toute nature ; régler les points délicats de la manœuvre de la cavalerie ; mettre au point l’application du Plan de défense, les hypothèses et les études de renforcement par des grandes unités supplémentaires : tels sont les buts à échéance plus ou moins lointaine que se fixe le commandement aussitôt que le dispositif se trouve réalisé.
A SUIVRE : Evolution du plan de défense de la position de résistance.
Cordialement
Re: Préparation du futur front de SEDAN
Bonsoir
3ème Partie :
Evolution du plan de défense de la position de résistance.
A - Etudes du renforcement de la zone
Dès janvier 1940, le commandant envisage l’intervention éventuelle d’une troisième division :
- soit pour renforcement, en venant occuper au centre de la zone un secteur limité à l’est par la ligne Sachy (exclu) – lombut (exclu) – Latruche (exclu) – mouzon (inclus) et à l’ouest par la ligne Pont-Maugis (inclus) – Noyer (exclu) – Thélonne (inclus) - Bulson (exclu). Dans cette zone se trouvent au mois d’octobre, le R.I. de droite de la 55ème D.I. (sous-secteur d’Angécourt) et le R.I. de gauche de la 71ème D.I. (sous-secteur d’Amblimont) ;
- soit pour l’occupation de bretelles : bretelle de la Meuse entre Petit-Remilly et Inor, libérant ainsi les éléments de la 71ème D.I. (2 bataillons) qui en tiennent les points principaux : bretelle Donchery – Vendresse, assurant le barrage de la vallée de la Bar et la liaison avec la deuxième position dans le secteur du corps d’armée voisin ;
- soit pour contre-attaques.
L’introduction d’une troisième division dans la zone aurait des conséquences heureuses en étoffant un peu l’occupation de la position de résistance.
En fonction de son idée essentielle de manœuvre, qui est de porter son effort, d’une part dans la région sud-ouest de Sedan, d’autre part sur l’axe Carignan – Mouzon, le général commandant le 10ème C.A. règle ainsi son dispositif éventuel.
La division de gauche récupérera les éléments initialement placé dans le secteur cédé à la division du centre (E.M. de R.I., 1 bataillon d’infanterie, E.M., Cie F.V. et engins, 2 C.M. du IIème B.M., 1 groupe d’artillerie, le III/45). La densité de ses armes automatiques se trouvera portée à 42 armes automatiques au kilomètre environ.
Elle pourra maintenir un R.I. en réserve de corps d’armée, qui sera d’ailleurs placé de manière à pouvoir intervenir rapidement à son profit en cas de besoin.
La division de droite récupérera un régiment. En raison de son éloignement du P.C. du corps d’armée et de la difficulté de faire passer des réserves d’une rive à l’autre de la Meuse, ce R.I. sera laisse à la D.I., avec obligation de ne pas le mettre en secteur et de placer ses gros au nord de la Meuse.
La division du centre, dont le secteur est le moins exposé, relèvera simplement avec deux R.I. les deux R.I. déjà en place et elle mettra un R.I. en réserve de corps d’armée, en mesure d’intervenir rapidement soit à son profit,
Soit au profit de la D.I. de gauche, ou bien encore, avec un délai un peu plus long, au profit de la D.I. de droite.
Le bénéfice serait donc sensible : renforcement de la densité du secteur de Sedan ; augmentation importante des réserves. En revanche, en raison de l’étendue des fronts, l’augmentation de la densité des armes antichars est insignifiante (1/2 arme au kilomètre pour la 55ème D.I.).
Dans le nouveau secteur de Sedan, dont le front serait ramené à 14 kilomètres, trois sous-secteurs seront organisés, correspondant aux trois zones de terrain bien caractéristiques : vallée de la Bar, massif de la Croix-Piot, région Fresnois, Wadelincourt, La Marfée. La création d’un P.C. pour le nouveau troisième sous-secteur est étudiée et réalisée.
L’emploi des réserves du corps d’armée est ainsi précisé :
Le régiment A serait regroupé en cas d’alerte dans la région Chémery (EM et 1 bataillon), Maisoncelle-et-Villers (1 bataillon), Artaise-le-Vivier (1 bataillon) à portée immédiate de la D.I. de gauche sur laquelle le R.I. est prélevé ; le régiment B, dans la région La Besace, bois de Raucourt (1 bataillon), Yoncq et bois de Yoncq (1 bataillon), La Bagnolle, Franclieu et bois au sud (1 bataillon), à portée immédiate de la division du centre sur laquelle le R.I. est prélevé, et de la D.I. de gauche.
Le G.R.C.A., après la fin de sa mission en Belgique serait au repos, mais prêt à être alerté, dans la zone des Grandes-Armoises, La Berlière.
Le régiment A aurait en première urgence à barrer la trouée de la Bar, en deuxième urgence la direction Pont-Maugis, Bulson.
Le régiment B devrait :
- soit renforcer la bretelle de la Meuse de Petit-Remilly à la ferme Givodeau ;
- soit barrer la valée de l’Ennemane ;
- soit intervenir en colmatage de la ligne d’arrêt dans la région de Vaux-lès-Mouzon.
Toutes ces dispositions sont codifiées par une annexe au plan de défense du 10ème C.A. (321/3 du 29 janvier 1940 et 691/3 du 3mars). Elles donnent lieu à l’établissement par la 3ème D.I.N.A., à ce moment division de réserve d’armée, d’un ordre de défense qui approuvé par le commandement du C.A. Des travaux sont entrepris par cette division pour l’installation de l’artillerie et pour la construction d’un P.C. de D.I. (route Raucourt – Autrecourt, à environ 1 kilomètre nord-est de Raucourt).
Au mois d’avril, sur les plateaux au sud de Sedan, un exercice de cadres de C.A., poussé dans le détail, étudie les modalités d’une contre-attaque menée par une D.C.R. et deux divisions réservées pour chasser après colmatage les éléments blindés ennemis du plateau de Bulson entre Bar et Ennemane.
Il fait ressortir l’intérêt que représente, pour arrêter une avance ennemie, la ligne bois de la Minière – cote 311 (hauteur entièrement boisée) – bois de Haye et bois du Rond-Caillou, déjà envisagée comme première ligne à atteindre par les réserves du C.A. et base de départ de contre-attaque.
Le général commandant la IIème Armée est venu assister à cet exercice et l’a entièrement approuvé.
Aux effectifs près, c’est la contre-attaque qui sera prescrite par le commandant du 10ème C.A. dans la nuit du 13 au 14 mai.
On prévoit enfin l’emploi d’une division réservée (1ère D.I.C.) qui serait mise à la disposition du 10ème C.A. pour :
a) occuper la bretelle La Ferté – Inor – Sommauthe dans sa portion situé à l’ouest de la Meuse.
b) Contre-attaquer, en partant de cette bretelle supposée tenue, en vue de reprendre les hauteurs nord-ouest de Beaumont (278, La Harnoterie, La Thibaudine).
B – Modifications réalisées ou projetées au plan de défense.
I – Conduite de la défense :
1) Une note de la IIème Armée du 14 novembre prescrit de réaliser partout où l’obstacle antichars existe, un allégement du dispositif des armes antichars de première ligne, en vue d’en augmenter la densité dans la profondeur de la position ; ces prescriptions modifient dans ce qu’elle avaient de trop absolu les prescriptions antérieures qui interdisaient toutes modifications au dispositif des troupes de forteresse ;
2) Une annexe 4 du 14 novembre au plan de défense de la IIème Armée traite de la manœuvre des plans de feu de l’infanterie. Les mitrailleuses des ouvrages ne doivent pas être confinées dans l’eécution de leur mission de flanquement de l’obstacle, elles doivent également au besoin, en sortant momentanément des blockhaus, participer aux barrages contre avions volant bas et retarder par des feux lointains le resserement du contact avec la P.R. Les F.M. doivent faire l’objet des mêmes dispositions dans la mesure de leur portée utile.
Prescriptions judicieuses certainement, mais qui ne peuvent apporter qu’un bien faible palliatif au manque d’armes spécialisées de défense aérienne ; car, si les armes automatiques de l’infanterie, destinées à la lutte à terre peuvent également être employées contre l’aviation volant bas (et celle-ci seulement), elles ne peuvent au même moment tirer contre l’ennemi à terre et contre l’ennemi aérien. Or, l’ennemi attaquera à terre sous la protection concomitante de son aviation ;
3) Le plan de défense du 22 décembre de la IIème Armée prescrit une organisation en profondeur des secteurs qui obligera à relever une partie des troupes de forteresse sur la ligne principale de résistance par des troupes de campagne : ces dispositions sont confirmées par une note du 15 mars prescrivant d’organiser, pour leur permettre de poursuivre leur instruction, la relève par unités constituées des troupe de forteresse.
II – Tracé de la position :
a) La ligne principale de résistance à l’ouest de Sedan où elle forme ce que l’on appelle le champignon de Glaire-et-Villette présente des inconvénients.
Une solution plus économique consisterait à reporter la ligne principale sur la ligne Bellevue – Wadelincourt qui coupe le champignon. On y disposerait de bons observatoires pour l’appui par l’artillerie et on éviterait les actions d’enfilade qui menacent actuellement les éléments du champignon. D’autre part, on diminuerait la profondeur de la position qui oblige actuellemnt soit à échelonner les unités sur trois lignes distinctes (ligne principale, ligne intermédiaire, ligne d’arrêt), soit à répartir le commandement en deux échelons successifs, l’un sur le canal, l’autre englobant la ligne intermédiaire et la ligne d’arrêt.
On décida donc, dès le mois de novembre, d’équiper la ligne Bellevue – Wadelincourt pour qu’elle puisse jouer le rôle de ligne principale de résistance ; en particulier est entreprise la création d’un fossé antichars et de trois nouveaux blockhaus bétonnés. Mais, au mois de mai ces travaux ne sont pas terminés et la ligne de résistance est toujours au champignon.
b) Dès la fin de l’automne et après une inspection de général en chef, a pris naissance un projet relatif à la création d’une ligne d’avant-poste fortifiés englobant la ville de Sedan. Elle aurait pour objet d’obliger l’ennemi à une attaque pour s’emparer de Sedan et ainsi de le priver le plus longtemps possible des facilités de franchissement que lui offrirait la ville. Le tracé de cette ligne serait jalonné par Glaire-et-Villette, monument de Floing, cote 244, Vieux-Camp, contre-pente de la cote 206, partie nord de Balan ; on y prévoit la construction d’une vingtaine de blocs bétonnés.
Les avantages de cette ligne sont incontestables ; malgré quelque difficultés, son appui par l’artillerie est réalisable. Mais son établissement et sa défense présentent deux objections pour le moment insurmontables.
D’autre part, aucune troupe n’est disponible sur une position déjà insuffisamment garnie pour occuper cette nouvelle ligne.
c) On a vu que, dans son plan de défense, le commandant de la IIème Armée avait prescrit l’établissement de deux barrages de feux continus, l’un suivant la ligne principale de résistance (ou lisière extérieure de la position), l’autre suivant la ligne d’arrêt (ou limite arrière de cette position) ; conception classique et réglementaire. Elle était entièrement justifiée en ce qui concerne la ligne principale de résistance ; dans le secteur de Sedan, en particulier, couvert par la Meuse, sur la surface de laquelle s’appliquait le barrage, les chars ennemis ne pouvaient franchir la rivière qu’après que l’infanterie y eût conquis, sur la rive sud, une tête de pont suffisante ; il fallait, avant tout, interdite le passage de l’infanterie et le barrage continu s’imposait.
Les reconnaissances faites dès le début de l’occupation de la zone par le commandant du C.A. l’amenèrent à constater que, dans le secteur de Sedan, la ligne d’arrêt ne s’appuyait à aucun obstacle : les bois qu’elle traversait étaient clairsemés et sillonnés de nombreux couloirs ; et elle laissait derrière elle, à quelques centaines de mètres les hauteurs de la Boulette et de la Marfé dont les pentes étaient suffisamment raides pour que les chars ne puissent les gravir et même pour que des chars parvenus à leur pied ne puissent atteindre la crête de leur feu.
Aussi, le commandant du C.A. décida-t-il de reporter sur ces hauteurs la ligne d’arrêt du secteur de Sedan. Il ne lui échappa pas que l’augmentation de la profondeur qui en résultait, combinée avec la création, dans cette profondeur, de points d’appui ou centres de résistance entièrement cerclés risquait, par manque d’effectifs, de compromettre la continuité du barrage de la ligne d’arrêt ; mais s’il fallait choisir, il choisissait la conception des points d’appui cerclés échelonnés dans la profondeur jusqu’à l’obstacle.
Le général commandant la IIème Armée, sans s’opposer à la création de points d’appui fermés, n’admit pas le report en arrière de la ligne d’arrêt du secteur de Sedan qui resta ainsi en avant du pied des hauteurs, sans obstacle naturel pour la couvrir. Il en résulta en outre que ces hauteurs, qui donnent des vues étendues sur tout l’arrière du secteur de Sedan, n’étaient pas englobées dans la position de résistance et ne purent être occupées que par des observatoires d’artillerie.
III – Dispositif :
En avril, la 71ème D.I. tout entière est remplacée sur la position dans le secteur de Mouzon, par la 3ème D.I.N.A. pour être mise en réserve de la IIème Armée. C’est donc à la 71ème D.I. qu’il appartiendra, s’il y a lieu, de renforcer le 10ème C.A. à la place de la 3ème D.I.N.A. (tant qu’elle sera à la disposition de la IIème Armée. Elle doit, en effet, être envoyée en Lorraine pour y tenir un secteur). La 71ème D.I. laisse d’ailleurs en secteur, outre son G.R.D.I. qui fait partie du groupement des G.R. aux ordres du général commandant la 5ème D.L.C., deux compagnies de sapeurs-mineurs, ses équipes spécialisées de bétonnage, le 205ème R.I. qui est appliqué à l’organisation de la bretelle Donchery – Omont et deux batteries de 75 (du II/38) maintenus en déploiement avancé. La 71ème D.I. prend connaissance du dossier antérieurement établi par la 3ème D.I.N.A.
Ces relèves n’affectent pas l’assiette générale du dispositif, mais l’introduction de la 3ème D.I.N.A., division de série A de très bonne valeur, à l’armement presque complet, augmente la capacité de résistance dans la partie de la zone qu’elle occupe. Par contre, en cas de renforcement par une division réservée, l’appoint de la 71ème D.I. sera moins efficace que ne l’aurait été celui de la 3ème D.I.N.A.
Au milieu d’avril, l’artillerie de la 71ème D.I. monte en ligne dans le secteur qui serait éventuellement celui de la division.
A SUIVRE : Le Renforcement de l’organisation du terrain et mise en condition des troupes.
Cordialement
3ème Partie :
Evolution du plan de défense de la position de résistance.
A - Etudes du renforcement de la zone
Dès janvier 1940, le commandant envisage l’intervention éventuelle d’une troisième division :
- soit pour renforcement, en venant occuper au centre de la zone un secteur limité à l’est par la ligne Sachy (exclu) – lombut (exclu) – Latruche (exclu) – mouzon (inclus) et à l’ouest par la ligne Pont-Maugis (inclus) – Noyer (exclu) – Thélonne (inclus) - Bulson (exclu). Dans cette zone se trouvent au mois d’octobre, le R.I. de droite de la 55ème D.I. (sous-secteur d’Angécourt) et le R.I. de gauche de la 71ème D.I. (sous-secteur d’Amblimont) ;
- soit pour l’occupation de bretelles : bretelle de la Meuse entre Petit-Remilly et Inor, libérant ainsi les éléments de la 71ème D.I. (2 bataillons) qui en tiennent les points principaux : bretelle Donchery – Vendresse, assurant le barrage de la vallée de la Bar et la liaison avec la deuxième position dans le secteur du corps d’armée voisin ;
- soit pour contre-attaques.
L’introduction d’une troisième division dans la zone aurait des conséquences heureuses en étoffant un peu l’occupation de la position de résistance.
En fonction de son idée essentielle de manœuvre, qui est de porter son effort, d’une part dans la région sud-ouest de Sedan, d’autre part sur l’axe Carignan – Mouzon, le général commandant le 10ème C.A. règle ainsi son dispositif éventuel.
La division de gauche récupérera les éléments initialement placé dans le secteur cédé à la division du centre (E.M. de R.I., 1 bataillon d’infanterie, E.M., Cie F.V. et engins, 2 C.M. du IIème B.M., 1 groupe d’artillerie, le III/45). La densité de ses armes automatiques se trouvera portée à 42 armes automatiques au kilomètre environ.
Elle pourra maintenir un R.I. en réserve de corps d’armée, qui sera d’ailleurs placé de manière à pouvoir intervenir rapidement à son profit en cas de besoin.
La division de droite récupérera un régiment. En raison de son éloignement du P.C. du corps d’armée et de la difficulté de faire passer des réserves d’une rive à l’autre de la Meuse, ce R.I. sera laisse à la D.I., avec obligation de ne pas le mettre en secteur et de placer ses gros au nord de la Meuse.
La division du centre, dont le secteur est le moins exposé, relèvera simplement avec deux R.I. les deux R.I. déjà en place et elle mettra un R.I. en réserve de corps d’armée, en mesure d’intervenir rapidement soit à son profit,
Soit au profit de la D.I. de gauche, ou bien encore, avec un délai un peu plus long, au profit de la D.I. de droite.
Le bénéfice serait donc sensible : renforcement de la densité du secteur de Sedan ; augmentation importante des réserves. En revanche, en raison de l’étendue des fronts, l’augmentation de la densité des armes antichars est insignifiante (1/2 arme au kilomètre pour la 55ème D.I.).
Dans le nouveau secteur de Sedan, dont le front serait ramené à 14 kilomètres, trois sous-secteurs seront organisés, correspondant aux trois zones de terrain bien caractéristiques : vallée de la Bar, massif de la Croix-Piot, région Fresnois, Wadelincourt, La Marfée. La création d’un P.C. pour le nouveau troisième sous-secteur est étudiée et réalisée.
L’emploi des réserves du corps d’armée est ainsi précisé :
Le régiment A serait regroupé en cas d’alerte dans la région Chémery (EM et 1 bataillon), Maisoncelle-et-Villers (1 bataillon), Artaise-le-Vivier (1 bataillon) à portée immédiate de la D.I. de gauche sur laquelle le R.I. est prélevé ; le régiment B, dans la région La Besace, bois de Raucourt (1 bataillon), Yoncq et bois de Yoncq (1 bataillon), La Bagnolle, Franclieu et bois au sud (1 bataillon), à portée immédiate de la division du centre sur laquelle le R.I. est prélevé, et de la D.I. de gauche.
Le G.R.C.A., après la fin de sa mission en Belgique serait au repos, mais prêt à être alerté, dans la zone des Grandes-Armoises, La Berlière.
Le régiment A aurait en première urgence à barrer la trouée de la Bar, en deuxième urgence la direction Pont-Maugis, Bulson.
Le régiment B devrait :
- soit renforcer la bretelle de la Meuse de Petit-Remilly à la ferme Givodeau ;
- soit barrer la valée de l’Ennemane ;
- soit intervenir en colmatage de la ligne d’arrêt dans la région de Vaux-lès-Mouzon.
Toutes ces dispositions sont codifiées par une annexe au plan de défense du 10ème C.A. (321/3 du 29 janvier 1940 et 691/3 du 3mars). Elles donnent lieu à l’établissement par la 3ème D.I.N.A., à ce moment division de réserve d’armée, d’un ordre de défense qui approuvé par le commandement du C.A. Des travaux sont entrepris par cette division pour l’installation de l’artillerie et pour la construction d’un P.C. de D.I. (route Raucourt – Autrecourt, à environ 1 kilomètre nord-est de Raucourt).
Au mois d’avril, sur les plateaux au sud de Sedan, un exercice de cadres de C.A., poussé dans le détail, étudie les modalités d’une contre-attaque menée par une D.C.R. et deux divisions réservées pour chasser après colmatage les éléments blindés ennemis du plateau de Bulson entre Bar et Ennemane.
Il fait ressortir l’intérêt que représente, pour arrêter une avance ennemie, la ligne bois de la Minière – cote 311 (hauteur entièrement boisée) – bois de Haye et bois du Rond-Caillou, déjà envisagée comme première ligne à atteindre par les réserves du C.A. et base de départ de contre-attaque.
Le général commandant la IIème Armée est venu assister à cet exercice et l’a entièrement approuvé.
Aux effectifs près, c’est la contre-attaque qui sera prescrite par le commandant du 10ème C.A. dans la nuit du 13 au 14 mai.
On prévoit enfin l’emploi d’une division réservée (1ère D.I.C.) qui serait mise à la disposition du 10ème C.A. pour :
a) occuper la bretelle La Ferté – Inor – Sommauthe dans sa portion situé à l’ouest de la Meuse.
b) Contre-attaquer, en partant de cette bretelle supposée tenue, en vue de reprendre les hauteurs nord-ouest de Beaumont (278, La Harnoterie, La Thibaudine).
B – Modifications réalisées ou projetées au plan de défense.
I – Conduite de la défense :
1) Une note de la IIème Armée du 14 novembre prescrit de réaliser partout où l’obstacle antichars existe, un allégement du dispositif des armes antichars de première ligne, en vue d’en augmenter la densité dans la profondeur de la position ; ces prescriptions modifient dans ce qu’elle avaient de trop absolu les prescriptions antérieures qui interdisaient toutes modifications au dispositif des troupes de forteresse ;
2) Une annexe 4 du 14 novembre au plan de défense de la IIème Armée traite de la manœuvre des plans de feu de l’infanterie. Les mitrailleuses des ouvrages ne doivent pas être confinées dans l’eécution de leur mission de flanquement de l’obstacle, elles doivent également au besoin, en sortant momentanément des blockhaus, participer aux barrages contre avions volant bas et retarder par des feux lointains le resserement du contact avec la P.R. Les F.M. doivent faire l’objet des mêmes dispositions dans la mesure de leur portée utile.
Prescriptions judicieuses certainement, mais qui ne peuvent apporter qu’un bien faible palliatif au manque d’armes spécialisées de défense aérienne ; car, si les armes automatiques de l’infanterie, destinées à la lutte à terre peuvent également être employées contre l’aviation volant bas (et celle-ci seulement), elles ne peuvent au même moment tirer contre l’ennemi à terre et contre l’ennemi aérien. Or, l’ennemi attaquera à terre sous la protection concomitante de son aviation ;
3) Le plan de défense du 22 décembre de la IIème Armée prescrit une organisation en profondeur des secteurs qui obligera à relever une partie des troupes de forteresse sur la ligne principale de résistance par des troupes de campagne : ces dispositions sont confirmées par une note du 15 mars prescrivant d’organiser, pour leur permettre de poursuivre leur instruction, la relève par unités constituées des troupe de forteresse.
II – Tracé de la position :
a) La ligne principale de résistance à l’ouest de Sedan où elle forme ce que l’on appelle le champignon de Glaire-et-Villette présente des inconvénients.
Une solution plus économique consisterait à reporter la ligne principale sur la ligne Bellevue – Wadelincourt qui coupe le champignon. On y disposerait de bons observatoires pour l’appui par l’artillerie et on éviterait les actions d’enfilade qui menacent actuellement les éléments du champignon. D’autre part, on diminuerait la profondeur de la position qui oblige actuellemnt soit à échelonner les unités sur trois lignes distinctes (ligne principale, ligne intermédiaire, ligne d’arrêt), soit à répartir le commandement en deux échelons successifs, l’un sur le canal, l’autre englobant la ligne intermédiaire et la ligne d’arrêt.
On décida donc, dès le mois de novembre, d’équiper la ligne Bellevue – Wadelincourt pour qu’elle puisse jouer le rôle de ligne principale de résistance ; en particulier est entreprise la création d’un fossé antichars et de trois nouveaux blockhaus bétonnés. Mais, au mois de mai ces travaux ne sont pas terminés et la ligne de résistance est toujours au champignon.
b) Dès la fin de l’automne et après une inspection de général en chef, a pris naissance un projet relatif à la création d’une ligne d’avant-poste fortifiés englobant la ville de Sedan. Elle aurait pour objet d’obliger l’ennemi à une attaque pour s’emparer de Sedan et ainsi de le priver le plus longtemps possible des facilités de franchissement que lui offrirait la ville. Le tracé de cette ligne serait jalonné par Glaire-et-Villette, monument de Floing, cote 244, Vieux-Camp, contre-pente de la cote 206, partie nord de Balan ; on y prévoit la construction d’une vingtaine de blocs bétonnés.
Les avantages de cette ligne sont incontestables ; malgré quelque difficultés, son appui par l’artillerie est réalisable. Mais son établissement et sa défense présentent deux objections pour le moment insurmontables.
D’autre part, aucune troupe n’est disponible sur une position déjà insuffisamment garnie pour occuper cette nouvelle ligne.
c) On a vu que, dans son plan de défense, le commandant de la IIème Armée avait prescrit l’établissement de deux barrages de feux continus, l’un suivant la ligne principale de résistance (ou lisière extérieure de la position), l’autre suivant la ligne d’arrêt (ou limite arrière de cette position) ; conception classique et réglementaire. Elle était entièrement justifiée en ce qui concerne la ligne principale de résistance ; dans le secteur de Sedan, en particulier, couvert par la Meuse, sur la surface de laquelle s’appliquait le barrage, les chars ennemis ne pouvaient franchir la rivière qu’après que l’infanterie y eût conquis, sur la rive sud, une tête de pont suffisante ; il fallait, avant tout, interdite le passage de l’infanterie et le barrage continu s’imposait.
Les reconnaissances faites dès le début de l’occupation de la zone par le commandant du C.A. l’amenèrent à constater que, dans le secteur de Sedan, la ligne d’arrêt ne s’appuyait à aucun obstacle : les bois qu’elle traversait étaient clairsemés et sillonnés de nombreux couloirs ; et elle laissait derrière elle, à quelques centaines de mètres les hauteurs de la Boulette et de la Marfé dont les pentes étaient suffisamment raides pour que les chars ne puissent les gravir et même pour que des chars parvenus à leur pied ne puissent atteindre la crête de leur feu.
Aussi, le commandant du C.A. décida-t-il de reporter sur ces hauteurs la ligne d’arrêt du secteur de Sedan. Il ne lui échappa pas que l’augmentation de la profondeur qui en résultait, combinée avec la création, dans cette profondeur, de points d’appui ou centres de résistance entièrement cerclés risquait, par manque d’effectifs, de compromettre la continuité du barrage de la ligne d’arrêt ; mais s’il fallait choisir, il choisissait la conception des points d’appui cerclés échelonnés dans la profondeur jusqu’à l’obstacle.
Le général commandant la IIème Armée, sans s’opposer à la création de points d’appui fermés, n’admit pas le report en arrière de la ligne d’arrêt du secteur de Sedan qui resta ainsi en avant du pied des hauteurs, sans obstacle naturel pour la couvrir. Il en résulta en outre que ces hauteurs, qui donnent des vues étendues sur tout l’arrière du secteur de Sedan, n’étaient pas englobées dans la position de résistance et ne purent être occupées que par des observatoires d’artillerie.
III – Dispositif :
En avril, la 71ème D.I. tout entière est remplacée sur la position dans le secteur de Mouzon, par la 3ème D.I.N.A. pour être mise en réserve de la IIème Armée. C’est donc à la 71ème D.I. qu’il appartiendra, s’il y a lieu, de renforcer le 10ème C.A. à la place de la 3ème D.I.N.A. (tant qu’elle sera à la disposition de la IIème Armée. Elle doit, en effet, être envoyée en Lorraine pour y tenir un secteur). La 71ème D.I. laisse d’ailleurs en secteur, outre son G.R.D.I. qui fait partie du groupement des G.R. aux ordres du général commandant la 5ème D.L.C., deux compagnies de sapeurs-mineurs, ses équipes spécialisées de bétonnage, le 205ème R.I. qui est appliqué à l’organisation de la bretelle Donchery – Omont et deux batteries de 75 (du II/38) maintenus en déploiement avancé. La 71ème D.I. prend connaissance du dossier antérieurement établi par la 3ème D.I.N.A.
Ces relèves n’affectent pas l’assiette générale du dispositif, mais l’introduction de la 3ème D.I.N.A., division de série A de très bonne valeur, à l’armement presque complet, augmente la capacité de résistance dans la partie de la zone qu’elle occupe. Par contre, en cas de renforcement par une division réservée, l’appoint de la 71ème D.I. sera moins efficace que ne l’aurait été celui de la 3ème D.I.N.A.
Au milieu d’avril, l’artillerie de la 71ème D.I. monte en ligne dans le secteur qui serait éventuellement celui de la division.
A SUIVRE : Le Renforcement de l’organisation du terrain et mise en condition des troupes.
Cordialement
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