Occupation allemande en France
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Occupation allemande en France
Depuis
les travaux fondateurs d’Eberhard Jäckel et de Robert Paxton, la
production historiographique étrangère sur la France des années noires
est regardée moins suspicieusement par la communauté historienne
nationale. Reposant sur les archives américaines et allemandes
longtemps laissées de côté par les chercheurs français, de nouveaux
chantiers ont été ouverts depuis lors, notamment au sujet de la
politique du Reich à l’égard de la France vaincue. L’ouvrage de Barbara
Lambauer, Otto Abetz ou l’envers de la collaboration, a, plus
récemment encore, largement contribué à en renouveler l’approche, du
point de vue de la mise en place de la collaboration et de la
répression des juifs. La connaissance historique s’enrichit aujourd’hui
de la contribution d’un universitaire allemand, Ahlrich Meyer, qui a
revisité l’histoire de L’occupation allemande en France à partir des dossiers de police et des rapports de la Wehrmacht, encore fort peu utilisés.
À travers une relation chronologique de l’occupation, l’auteur brosse,
par petites touches, le portrait d’une politique allemande de
répression inscrite dans une grande continuité d’intentions et de
moyens, malgré le poids supposé de cycle infernal «
attentats-répression ». Plus qu’à sa dénaturation, cet engrenage
contribue plutôt à la radicalisation interne du système répressif,
accentuée il est vrai par le transfert des pouvoirs policiers de
l’administration militaire au chef supérieur des S.S. et de la police.
La terreur de l’année 1944 illustre tragiquement cette précipitation de
la violence allemande dont la réalité de la mise en œuvre incombe
presque exclusivement aux S.S. Pour autant, Meyer insiste sur la
responsabilité de l’armée allemande dans les crimes perpétrés lors des
premières années d’occupation et ébranle au passage l’idée reçue d’une
attitude plus «propre» de celle-ci envers la population française.
À cet égard, ce livre offre le mérite de faire apparaître le lien qui
existe entre la répression des résistants français et la persécution
des juifs. Elles sont les expressions diversifiées d’un même processus
d’occupation et de mise au pas. De la volonté de déchéance des
immigrants juifs de leur nationalité française aux rafles de Marseille
en janvier 1943, des débuts de la traque de la résistance communiste à
l’ «opération Luna», on assiste à l’établissement de toute une «
administration de surveillance » puis de répression, dont le zèle et le
perfectionnisme le disputent à la plus grande indifférence morale. On
chemine un peu plus loin encore dans l’horreur avec la longue évocation
du massacre d’Oradour-sur-Glane où, à l’appui d’archives et de
dépositions inédites, le simple soldat allemand prend le visage du
bourreau cruel et médiocre.
On peut se montrer reconnaissant envers les éditions Privat d’avoir
permis la traduction de l’ouvrage d’Ahlrich Meyer. S’il ne donne pas
une vision d’ensemble des crimes de guerre commis pendant l’occupation,
il permet en revanche de mieux comprendre le dispositif de répression
allemand, ses rivalités internes au principe de la répartition des
pouvoirs entre les différentes instances militaires. Il facilite enfin
la réfutation de l’idée d’une escalade exclusivement cyclique de la
terreur au profit de l’influence des objectifs prioritaires de
l’occupation sur ceux de la seule répression.
Jérôme Cotillon
les travaux fondateurs d’Eberhard Jäckel et de Robert Paxton, la
production historiographique étrangère sur la France des années noires
est regardée moins suspicieusement par la communauté historienne
nationale. Reposant sur les archives américaines et allemandes
longtemps laissées de côté par les chercheurs français, de nouveaux
chantiers ont été ouverts depuis lors, notamment au sujet de la
politique du Reich à l’égard de la France vaincue. L’ouvrage de Barbara
Lambauer, Otto Abetz ou l’envers de la collaboration, a, plus
récemment encore, largement contribué à en renouveler l’approche, du
point de vue de la mise en place de la collaboration et de la
répression des juifs. La connaissance historique s’enrichit aujourd’hui
de la contribution d’un universitaire allemand, Ahlrich Meyer, qui a
revisité l’histoire de L’occupation allemande en France à partir des dossiers de police et des rapports de la Wehrmacht, encore fort peu utilisés.
À travers une relation chronologique de l’occupation, l’auteur brosse,
par petites touches, le portrait d’une politique allemande de
répression inscrite dans une grande continuité d’intentions et de
moyens, malgré le poids supposé de cycle infernal «
attentats-répression ». Plus qu’à sa dénaturation, cet engrenage
contribue plutôt à la radicalisation interne du système répressif,
accentuée il est vrai par le transfert des pouvoirs policiers de
l’administration militaire au chef supérieur des S.S. et de la police.
La terreur de l’année 1944 illustre tragiquement cette précipitation de
la violence allemande dont la réalité de la mise en œuvre incombe
presque exclusivement aux S.S. Pour autant, Meyer insiste sur la
responsabilité de l’armée allemande dans les crimes perpétrés lors des
premières années d’occupation et ébranle au passage l’idée reçue d’une
attitude plus «propre» de celle-ci envers la population française.
À cet égard, ce livre offre le mérite de faire apparaître le lien qui
existe entre la répression des résistants français et la persécution
des juifs. Elles sont les expressions diversifiées d’un même processus
d’occupation et de mise au pas. De la volonté de déchéance des
immigrants juifs de leur nationalité française aux rafles de Marseille
en janvier 1943, des débuts de la traque de la résistance communiste à
l’ «opération Luna», on assiste à l’établissement de toute une «
administration de surveillance » puis de répression, dont le zèle et le
perfectionnisme le disputent à la plus grande indifférence morale. On
chemine un peu plus loin encore dans l’horreur avec la longue évocation
du massacre d’Oradour-sur-Glane où, à l’appui d’archives et de
dépositions inédites, le simple soldat allemand prend le visage du
bourreau cruel et médiocre.
On peut se montrer reconnaissant envers les éditions Privat d’avoir
permis la traduction de l’ouvrage d’Ahlrich Meyer. S’il ne donne pas
une vision d’ensemble des crimes de guerre commis pendant l’occupation,
il permet en revanche de mieux comprendre le dispositif de répression
allemand, ses rivalités internes au principe de la répartition des
pouvoirs entre les différentes instances militaires. Il facilite enfin
la réfutation de l’idée d’une escalade exclusivement cyclique de la
terreur au profit de l’influence des objectifs prioritaires de
l’occupation sur ceux de la seule répression.
Jérôme Cotillon
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