Les combats dans le Châtillonnais - Témoignages
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Les combats dans le Châtillonnais - Témoignages
LES TIRAILLEURS SENEGALAIS
Christiane PLUYAUT
Christiane PLUYAUT
En 1940, j'avais onze ans ; j'habitais chez mes parents qui étaient commerçants à Grancey-sur-Ource. Début juin, le flot de réfugiés envahit le pays, poussé par les combats qui se rapprochaient. Nous entendions le canon vers Troyes. Des bombes étaient tombées à «la Grosse Borne» - limite du département - et sur la route d'Autricourt, tuant cinq réfugiés dans leur voiture. La population s'est affolée et mes parents ont décidé de quitter le village le 15 juin, à trois heures du matin.
Rattrapés par l'armée allemande près de Semur-en-Auxois, nous sommes rentrés lentement à Grancey, sans doute début Juillet. Nous avons de suite appris qu'un accrochage avait eu lieu aux abords du pays avec des Tirailleurs Sénégalais. Certains étaient enterrés sur le lieu de leur décès, ainsi que les réfugiés cités, vers la croix, route d'Autricourt L'un d'eux, grièvement blessé, avait trouvé refuge au bord d'un ruisseau, dans une cabane de jardin. Il y fut rapidement découvert par les propriétaires, qui alertèrent le commandant Brisebarre, retraité ; lequel envoya immédiatement, en catimini, sa fille Micheline, infirmière, lui prodiguer des soins et lui porter de la nourriture. Ses allées et venues titrent vite remarquées, mais aucun des habitants ne la dénonça aux Allemands qui occupaient le village. Peut-être a-t-il pu profiter de la filière qui aida de nombreux soldats français, qui avaient échappé à l'ennemi, à gagner la zone libre ; elle passait à Grancey, Autricourt, la ferme de La Borde...
Lorsque les occupants eurent quitté le pays, ses camarades défunts furent relevés, mis en bière, et toute la population les suivit à l'église, où l'abbé Bernard Bourdot les accueillit par ce mot « Camarades » avant de faire leur éloge. Le cortège les suivit au cimetière, où deux grandes fosses avaient été préparées. Ils n'avaient pas de plaques d'identité. Les habitants prirent coutume de fleurir ces tombes - qui étaient entretenues par la Commune - par reconnaissance et respect, suppléant leurs lointaines familles.
En juin 1964, une lettre du Ministère des Anciens Combattants, secteur des sépultures de Lyon, demanda à M. le Maire :
I°) d'aménager ces sépultures, de confectionner un entourage, et de mettre en place un emblème funéraire sur chaque tombe. (Croix de bois).
2°) De les entretenir à perpétuité aux frais de la Commune, sous le contrôle du Ministère des Anciens Combattants et Victimes de guerre. M. le Maire s'y est engagé avec son Conseil Municipal dans une délibération datée du 1er juillet 1964.
Il a environ quinze ans, mon mari, - secrétaire de Mairie du pays jusqu'en 1995-, me rapporta qu'une demande était faite à la Commune pour emmener leurs dépouilles dans le cimetière lyonnais qui leur était réservé. Le Conseil Municipal ne put accéder à ce souhait car, si les tombes sont toujours entretenues, protégées et fleuries, les croix militaires qui ont remplacé les croissants posés par le menuisier Maigné lors de l'inhumation, ne sont pas exactement sur les corps. Le dernier fossoyeur encore vivant n'a pas été en mesure d'indiquer l'endroit exact des fosses où sont alignés les cercueils. En 1964, on a privilégié l'esthétique du Carré Militaire, lequel est régulièrement honoré chaque année par les Autorités qui visitent les tombes des victimes de la guerre 1939/1945 le dernier dimanche de juillet, à la sortie de la cérémonie qui est faite à Grancey, en souvenir de l'attaque du maquis Montcalm, (2 et 3 août1944)
Par ailleurs, d'autres Tirailleurs Sénégalais et Marocains, ont été faits prisonniers par les Allemands ; ils travaillaient dans les bois de Cunfin, à la limite d'Autricourt, pour façonner du bois pour les réquisitions allemandes. J'ai bien connu l'un d'eux, le sergent Seydou N’Dionne, qui a eu deux fils au pays. Ces soldats furent incorporés dans les maquis, en juin 1944 à Châtillon-Sur-Seine, peut-être aussi au maquis Montcalm Grancey-Mussy ; ils prirent part aux combats de la libération de région de Châtillon, avant de rejoindre l'Armée Française qui poursuivait les troupes allemandes.
Les tirailleurs
Merci gsurirey et à Christiane PLUYAUT
C'est bien et généreux!
amitiés
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